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Les élèves prennent les commandes

Des enseignants de l’IB ont expliqué au magazine IB World comment ils encourageaient les élèves à diriger leur apprentissage.

Enseignants, prenez garde ! Les élèves prennent les commandes ! De nombreux professionnels de l’éducation encouragent cette pratique qui permet aux élèves de diriger leur apprentissage de façon amusante et intéressante.

Des enseignants du Programme primaire (PP) ont expliqué au magazine IB World comment ils s’écartaient de l’enseignement traditionnel pour apprendre de leurs élèves, en leur donnant la possibilité de donner leur avis et de prendre des décisions sur ce qu’ils apprennent et comment.

« Les élèves du PP participent aux journées de planification des enseignants et nous disent ce qu’ils souhaitent étudier », Tracey Hughes et Nicole Lewis, Auckland Normal Intermediate School (ANI), Nouvelle-Zélande

« L’ANI compte six équipes pédagogiques. Tous les semestres, chaque équipe se réunit pendant deux jours pour planifier le prochain module de recherche. Les élèves sont invités à participer à ces sessions. Cela leur donne un contrôle total sur la direction que prend leur apprentissage.

Parfois, leurs idées de stimulus et leurs aspirations en matière de recherche ne sont pas du tout en phase avec celles de leurs enseignants. Cependant, cette approche et cette collaboration nous permettent de donner des cours intéressants et motivants, que les élèves trouvent pertinents et enrichissants.

Les enseignants peuvent inspirer et encourager les élèves à réfléchir à des questions d’envergure locale, nationale et mondiale qui revêtent une importance dans la vie des enfants. Par exemple, des élèves travaillent actuellement avec un sans-abri du quartier pour qu’il renoue des liens avec sa famille dans le cadre du module “Qui nous sommes”. D’autres étudient les propriétés de différents matériaux puis créent et construisent du mobilier d’extérieur pour la communauté scolaire dans le cadre du module “Comment le monde fonctionne”.

L’engagement des élèves a augmenté. Ils se montrent plus proactifs et enthousiastes à l’idée de réaliser le processus de recherche. Nous avons également remarqué qu’ils obtenaient de meilleurs résultats concernant les attentes du programme d’études. Souvent, les élèves atteignent et dépassent le niveau exigé par le programme d’études dans tous les domaines.

Avec une large cohorte de 360 élèves chaque année, nous voulons garantir que chaque élève a la possibilité de faire entendre sa voix et que les enseignants suscitent l’intérêt de tous. Les enseignants sont également des apprenants, qui mènent une recherche sur leur parcours avec les élèves. Dans le cadre de cette collaboration et de partenariats, les élèves et les enseignants se lancent ensemble dans une recherche qui leur permettra de devenir des êtres informés et des apprenants permanents. »

« La “recherche ouverte” fait tomber les murs des salles de classe et encourage le jeu et l’apprentissage à l’initiative des élèves », Amber Taylor, enseignante du PP à l’AAS Moscow, en Russie

« L’année dernière, nous nous sommes fixé le nouvel objectif de trouver des systèmes inédits qui permettraient aux élèves de s’exprimer et d’avoir davantage de choix.

Nous avons repensé nos trois espaces de classe séparés et avons commencé à concevoir un grand environnement d’apprentissage unique, dans lequel les enfants pouvaient circuler librement, leur permettant ainsi de créer des liens avec l’ensemble des professionnels de l’éducation et de bénéficier des possibilités que chaque espace avait à leur offrir. Cela a donné naissance à un véritable atelier de créativité.
Nous consacrons désormais une heure et demie chaque jour à la “recherche ouverte”, qui permet aux élèves de diriger leur apprentissage.

Tous les jours, avant le début de cette activité, chaque classe se livre à une rapide discussion de groupe sur l’apprentissage qui a eu lieu la veille. Nous dressons la liste des domaines abordés dans chaque espace et invitons les enfants à les explorer.

Ils vont et viennent entre les différents espaces pendant plus d’une heure. Les professionnels de l’éducation adaptent leur rôle en fonction des recherches que les enfants entreprennent : ils peuvent aussi bien aider un groupe de réflexion à effectuer des recherches sur un domaine d’intérêt que se mettre en retrait pour observer et consigner le processus de réflexion des élèves. Les ressources sont combinées et partagées.

Une fois le temps alloué à la recherche ouverte terminé, nous abandonnons ce que nous sommes en train de faire, nous laissons le nettoyage pour plus tard et nous nous dirigeons vers le tapis le plus proche pour observer un “temps de réflexion”. Les professionnels de l’éducation demandent aux élèves ce qu’ils ont pensé de la séance du jour. Nous menons une réflexion et décidons d’idées pour les jeux du lendemain, puis nous nettoyons.

Chaque semaine, nous nous rendons tous ensemble en forêt. Le dernier mois de l’année, nous avons formé quatre groupes d’enfants en fonction de leurs centres d’intérêt pour la forêt : les constructeurs (ceux qui passent leur temps à construire des forts avec des bâtons), les explorateurs (ceux qui adorent repousser les frontières et se demandent toujours ce qu’il y a après la colline), les scientifiques (ceux qui cherchent toujours des vers et des limaces) et les artistes (ceux qui adorent l’esthétique du lieu et qui ne sortent jamais sans leurs pastels et du papier). Les élèves de chaque groupe se sont livrés au total à une semaine de “recherche ouverte” dans les bois, construisant tous ensemble, explorant les recoins du parc, installant des pièges pour les insectes et broyant des matériaux naturels pour en faire de la peinture.

Depuis que nous avons débuté ce projet, d’autres années de l’AAS Moscow ont commencé à en élaborer leur propre version, cherchant des façons de faire tomber les murs des salles de classe et de fournir aux élèves davantage d’occasions de donner leur avis et de prendre des décisions. »

« Durant les “jeudis créatifs”, les enfants prennent entièrement le contrôle de leur apprentissage et de la façon dont ils apprennent, ce qui encourage une culture d’initiative et d’action », a expliqué Taryn Bond-Clegg, enseignant du PP, qui enseigne aujourd’hui à l’International School Ho Chi Minh City, au Viet Nam, après avoir enseigné à l’American International School of Kuwait.

« L’expérience que j’ai menée l’année dernière dans un effort pour soutenir l’agentivité des élèves s’est davantage révélée être une expérience individuelle de prise de risque qui reposait sur ma propre philosophie et compréhension pédagogiques du PP.

J’ai essayé de nombreuses approches différentes. J’ai par exemple demandé aux élèves de m’aider à organiser la salle de classe au début de l’année et de choisir une disposition qui les aiderait dans leur apprentissage.

Les élèves m’ont confié que le fait de pouvoir prendre part à des décisions habituellement prises par l’enseignant contribuait à ce qu’ils aient le sentiment de pouvoir s’exprimer. Ils ont particulièrement apprécié le fait d’écrire leurs problèmes, leurs idées et leurs questions sur le tableau de la classe. Chaque matin, nous passions en revue ce tableau afin de résoudre les problèmes tous ensemble, de nous mettre d’accord sur des idées et de répondre aux questions. Ils m’ont expliqué que cela leur permettait d’exercer davantage de contrôle sur leur vie.

Les élèves planifiaient également eux-mêmes leur journée autour de modules. Cependant, les “jeudis créatifs”, c’est eux qui décidaient quand, comment et où apprendre, et également quoi apprendre. Ils pouvaient ainsi explorer leurs véritables passions et centres d’intérêt et laisser libre cours à leur curiosité.

En tant qu’enseignant, j’ai trouvé, en toute honnêteté, qu’il s’agissait d’une approche beaucoup plus humaine de l’enseignement. J’avais le sentiment de comprendre les enfants, non seulement en tant qu’élèves, mais également en tant que personnes. Cela m’a permis de nouer des relations authentiques et enrichissantes avec eux et de jouer un véritable rôle dans leur vie en général et non pas seulement scolaire.

Les élèves avaient la possibilité d’être eux-mêmes et de dire ce qu’ils pensaient. Cela les a amenés à échanger et à nouer des amitiés qu’ils n’auraient pas nécessairement développées dans d’autres environnements de classe.

Il ne s’agissait pas d’une culture de permission, mais d’une culture d’initiative et d’action. Lorsque les élèves se sentaient curieux, ils prenaient les mesures nécessaires pour apprendre. Lorsqu’ils rencontraient un problème, ils prenaient les mesures nécessaires pour le résoudre.

J’ai également remarqué que mes élèves avaient gagné en maturité dans la compréhension sociale et affective qu’ils avaient d’eux-mêmes et des autres. Ils ont développé leur aptitude à résoudre leurs conflits, intérieurs comme extérieurs, de façon indépendante et productive. Si je prends du recul et dresse le bilan de cette année, je peux honnêtement dire que le plus grand changement que j’ai remarqué chez les élèves a trait au développement des qualités du profil de l’apprenant de l’IB, des savoir-être du PP et des compétences spécifiques aux approches de l’enseignement et de l’apprentissage. »

Et vous, comment encouragez-vous vos élèves à diriger leur apprentissage ? Envoyez un courriel à l’adresse editor@ibo.org.

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