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Quelles sont les difficultés associées à l’enseignement des langues dans les établissements scolaires d’aujourd’hui ?

Le multilinguisme en tant que concept

La notion de multilinguisme bénéficie d’une attention positive depuis quelques années. Il y a une génération de cela, on conseillait fréquemment aux parents bilingues ou multilingues de ne pas parler à leurs enfants dans leur langue maternelle, afin de ne pas « semer la confusion » dans l’esprit de ces derniers et de ne pas entraver leur capacité à apprendre la langue parlée au sein de la communauté. Aujourd’hui, le multilinguisme est prisé et de nombreux parents cherchent activement à permettre à leurs enfants d’acquérir plusieurs langues, tant à la maison qu’à l’école, comme en témoignent le grand nombre d’établissements privés et publics qui se servent désormais de leurs cours de langues comme d’un outil marketing, en proposant notamment un éventail de modèles d’enseignement bilingue. Le défi pour les établissements scolaires d’aujourd’hui est de prendre conscience que le parcours vers le multilinguisme de chaque élève est unique, car il s’appuie sur la maîtrise de ses autres langues. Pour optimiser l’incidence de l’apprentissage de la langue, les enseignants doivent donc exploiter les ressources linguistiques que chaque élève possède déjà.

Les différents programmes de langue

« La difficulté pour chaque enseignant, quel que soit le type de programme qu’il enseigne, est de résister à la tentation d’enseigner sa langue ou sa matière de manière isolée […]. »

Il convient de distinguer les programmes de langue qui visent à développer l’aisance d’expression de l’enfant dans la langue parlée à la maison des programmes d’immersion qui consistent à ce que l’enfant effectue sa scolarité dans une nouvelle langue et des cours de développement d’une deuxième langue en tant que langue « supplémentaire ». Chacun de ces programmes se heurte à des difficultés qui lui sont propres. La difficulté pour chaque enseignant, quel que soit le type de programme qu’il enseigne, est de résister à la tentation d’enseigner sa langue ou sa matière de manière isolée et d’ignorer les connaissances ou les compétences préalables de ses élèves dans d’autres langues. De manière fort opportune, l’IB encourage à faire la distinction entre les langues personnelles des élèves, leurs langues fonctionnelles et les langues d’enseignement.

La langue d’enseignement

L’anglais est la langue d’enseignement de la plupart des écoles du monde de l’IB. Idéalement, la politique linguistique des établissements doit spécifier que toutes les langues parlées au sein de la communauté scolaire méritent le même respect. Toutefois, ce n’est pas toujours évident en fonction de la place accordée à la langue d’enseignement dans les pratiques de l’établissement et parfois au sein du programme d’études. Pour l’IB, le multilinguisme est un droit et une ressource. Cependant, dès que l’on commence à hiérarchiser les langues, l’une de ces langues risque de commencer à devenir « problématique ».

Les langues parlées à la maison

Les programmes portant sur la langue parlée à la maison peuvent être problématiques lorsqu’ils portent sur des langues comme le portugais, l’espagnol, l’arabe et le néerlandais (entre autres exemples), car ces langues ont de nombreuses variantes qui sont parfois marquées par différents statuts et perceptions quant à leur usage. Le point de vue des parents sur l’aptitude d’un enseignant à enseigner ces langues peut donner lieu à des situations dans lesquelles l’établissement, involontairement, n’accorde pas le respect qui leur est dû à toutes les langues et, par extension, à toutes les variantes de langues. Le programme d’études de langue et littérature de l’IB reconnaît l’ensemble des dialectes et des variantes de langues. Par exemple, une épreuve d’examen de portugais peut inclure des textes d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Sud.

« L’apprentissage de la langue est un processus lent et les progrès réalisés sont parfois difficiles à observer […]. »

L’importance de la bilittératie

La bilittératie (le fait d’être capable de lire et d’écrire à un niveau universitaire dans deux langues) est un objectif très prisé et très réaliste pour de nombreux élèves de l’IB. Le bilinguisme et la littératie (les deux composantes de la bilittératie) sont deux processus complexes. Toute planification relative à la bilittératie au sein d’un établissement requiert une planification réfléchie fondée sur la recherche ainsi qu’une compréhension approfondie du profil linguistique de chaque élève.

Lorsque les langues utilisées dans la communauté scolaire au sens large sont différentes de la langue d’enseignement, elles sont souvent reléguées à l’arrière-plan du programme d’études. Pourtant, cette situation pourrait constituer une occasion unique d’apprendre de nouvelles langues et de les utiliser de manière significative en les ajoutant à votre identité linguistique. Ces langues sont parfois les langues dominantes d’une grande partie de la population scolaire, mais ne sont pas placées sur un pied d’égalité, car elles ne constituent pas un véhicule de réussite scolaire.

Quel est l’objectif d’apprendre une langue supplémentaire dans un contexte scolaire ? Communiquer dans la langue ? Si tel est le cas, que souhaiteriez-vous que vos élèves soient capables de communiquer ? Quel est le public visé et à quel niveau ? Les politiques linguistiques scolaires qui s’appuient sur les objectifs globaux du programme d’études doivent garantir que l’établissement, les enseignants, les élèves et les parents sont sur la même longueur d’onde quant aux objectifs de ces cours de langue. Alors que les programmes d’études de langue continuent de s’éloigner de la « forme » (l’exactitude grammaticale) au profit du « sens » (la communication), nous devons garantir que cette évolution se reflète également dans les ressources pédagogiques et d’apprentissage.

Récemment, des travaux de recherche se sont intéressés à la manière dont la linguistique (c’est-à-dire la compréhension de la langue) peut être intégrée dans les cours de langue supplémentaire, afin de susciter chez les élèves un intérêt pour l’apprentissage des langues et de les motiver davantage à entreprendre des études de langue dans l’enseignement supérieur. Des initiatives technologiques, comme l’utilisation de services de localisation sur un téléphone intelligent, nous fournissent des occasions de franchir les murs de la classe et d’utiliser la langue dans des situations de la vie réelle.

L’apprentissage de la langue est un processus lent et les progrès réalisés sont parfois difficiles à observer, ce qui peut saper la motivation des élèves, comme des enseignants. Le fait d’avoir un but et des objectifs connexes clairs, susceptibles de varier d’un cours à l’autre et d’un élève à l’autre, peut contribuer à faire de l’apprentissage de la langue une expérience positive et enrichissante. Le cours de développement d’une langue seconde du Programme à orientation professionnelle (POP) se prête à une approche centrée sur l’apprenant. En mettant l’accent sur l’établissement d’objectifs personnels et en insistant sur l’importance de la compréhension culturelle, il garantit sa flexibilité et sa pertinence dans n’importe quel contexte.

Si vous souhaitez participer à la révision du programme d’études du cours de développement d’une langue seconde, veuillez envoyer un courriel à l’adresse cpdevelopment@ibo.org.

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Susan Stewart est membre de l’Institut de recherche sur les établissements de premier cycle du secondaire de l’International School of London et présidente du groupe d’intérêt MLIE (sur l’apprentissage multilingue dans l’éducation internationale) de l’organisation ECIS. Mme Stewart a vécu et travaillé en Thaïlande, aux Émirats arabes unis, en Afrique du Sud, en Belgique, à Oman et en Suède, et a élevé deux enfants bilingues qui sont devenus de véritables globe-trotteurs. Elle est titulaire d’un diplôme de premier cycle en linguistique et en français et d’un diplôme de deuxième cycle en linguistique appliquée et en communication qu’elle a obtenus au Birkbeck College de l’Université de Londres. Elle parle anglais, français, allemand, afrikaans, suédois et arabe et ne cesse d’apprendre de nouvelles langues. Elle promeut activement l’utilisation des langues parlées à la maison au sein de la communauté locale et organise régulièrement des ateliers visant à aider les parents à élever des enfants bilingues dans des environnements monolingues. Elle soutient par ailleurs un groupe d’établissements enseignant les langues d’origine au sein de la communauté locale et s’intéresse aux interactions entre les écoles (internationales) et les communautés parlant la langue locale.