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Des écoles du monde de l’IB célèbrent l’Année internationale des langues autochtones

Julie Shaw, coordonnatrice des programmes de l’IB à la SenPokChin School (senpaq’cin), dans la vallée de l’Okanagan, en Colombie-Britannique, au Canada, s’est entretenue avec Sophie-Marie Odum, rédactrice du magazine IB World, sur la manière dont son établissement célèbre l’Année internationale des langues autochtones 2019.

Des élèves de la SenPokChin School (senpaq’cin) participent à la fête du saumon.
Des élèves de la SenPokChin School (senpaq’cin) participent à la fête du saumon.

Près de 90 % des langues autochtones sont menacées de disparaître d’ici à la fin du siècle. Leur disparition impliquerait une immense perte pour la diversité culturelle dans le monde et aurait une incidence négative sur la compréhension et le respect interculturels. Les langues jouent un rôle fondamental dans nos vies quotidiennes. Elles constituent le premier support que nous utilisons pour communiquer, nous instruire et nous intégrer socialement, et elles se trouvent au cœur de l’identité et de l’histoire culturelle uniques de chaque personne.

Le monde a entrepris un effort de sensibilisation collectif lorsque l’ONU a proclamé que l’année 2019 serait « L’année internationale des langues autochtones ». Plus de 800 événements ont eu lieu à travers le monde à ce jour et de nombreuses écoles du monde de l’IB ont participé.

« Notre objectif est d’immerger les jeunes dans leur culture autochtone tout en leur donnant une vision globale du monde », indique Mme Shaw.

SenPokChin

La SenPokChin (senpaq’cin) fait partie des premiers établissements situés sur une réserve à avoir reçu l’autorisation de proposer le Programme primaire (PP) en Amérique du Nord. Les élèves étudient leur culture et leur héritage syilx (Okanagan) et apprennent à en être fiers tandis que l’établissement veille à intégrer le nqilxʷcn (la langue traditionnelle des Syilx) dans ses activités d’enseignement et d’apprentissage quotidiennes.

Cependant, le nqilxʷcn, une langue autochtone en danger, n’est pas répandu au sein des foyers et de la communauté. Dans un effort visant à former une génération plus jeune de locuteurs, la senpaq’cin profite de l’Année internationale des langues autochtones 2019 pour célébrer et mettre en avant le nqilxʷcn. Cette initiative lui permet en même temps de briser les stéréotypes et d’inculquer aux élèves une meilleure compréhension de la culture de ce peuple.

Un alumno del SenPokChin fabricando una soga con spicn

Programme pilote

La senpaq’cin se trouve dans la vallée de l’Okanagan, en Colombie-Britannique, au Canada, et promeut les connaissances autochtones ainsi que l’identité et la fierté du peuple Okanagan. L’établissement appartient au peuple nk’mip, qui fait partie de la Nation Okanagan (Syilx), installée dans le sud de la Colombie-Britannique, au Canada. La région jouit d’une topographie variée : le sud est couvert de la seule forêt désertique du Canada qui s’étend vers le nord jusqu’à la montagne Monashee, où elle fusionne avec la forêt canadienne type.

Pour enseigner la langue nqilxʷc aux élèves, l’établissement a mis en œuvre un projet pilote cette année, qui coïncide avec l’Année internationale des langues autochtones. Les anciens de la communauté travaillent avec un enseignant de seconde langue qualifié (qui ne parle pas couramment la langue) et deux locuteurs natifs pour enseigner le nqilxʷcn à l’aide d’un cadre d’enseignement de seconde langue baptisé A.S.K.M.E. Les élèves peuvent poser des questions aux aînés, ce qui les encourage à dialoguer en nqilxʷcn. Petits et grands se livrent à cet exercice 45 minutes par jour.

Les titulaires de classe et tous les membres du personnel de soutien prennent aussi part à ces échanges afin que tout le monde emploie le plus possible le nqilxʷcn.

L’équipe de langues de l’établissement participe en outre à des formations d’acquisition de langues et d’apprentissage professionnel. Les professionnels de l’éducation se réunissent deux à trois fois par an pour discuter de la manière de renforcer l’apprentissage des langues secondes au sein de la communauté.

Expériences culturelles

Les élèves sont immergés dans des expériences culturelles traditionnelles tout au long de l’année. « À chaque fois que nous en avons l’occasion, nous introduisons dans nos modules de recherche des activités d’apprentissage dans la nature en lien avec l’environnement des élèves et la communauté », explique Mme Shaw.

Les élèves peuvent, par exemple, se rendre dans des sueries (des huttes construites à partir de matériaux naturels) afin d’explorer les méthodes utilisées pour construire ces structures et de se livrer à une comparaison des ressources passées et actuelles du peuple nk’mip.

Les élèves découvrent les histoires culturelles traditionnelles (captikwl) de la Nation, qui sous-tendent les croyances et les valeurs culturelles du peuple nk’mip et qui se transmettent de génération en génération. « Au début de nos célébrations mensuelles de l’apprentissage, le personnel rejoue l’une de ces histoires afin de lui redonner vie au sein de la communauté », indique Mme Shaw.

Les élèves participent également à des activités traditionnelles saisonnières qui les invitent à utiliser la langue dans le cadre d’expériences d’apprentissage pratiques et authentiques. Ils ont récemment étudié le ntytix (saumon), un « aliment maître », et ont appris à découper et à sécher ce poisson. « En automne, durant la saison de la chasse, les élèves apprendront à abattre un cerf, à travailler le cuir, à sécher la viande, à cueillir du spi’cn pour fabriquer de la corde, à cueillir du thé et à récolter du tuk’tən pour fabriquer des matelas traditionnels », explique Mme Shaw.

Les élèves planifient et organisent une fête de quatre aliments maîtres au cours de l’hiver. Ils écoutent les anciens raconter des captikwl pendant qu’ils s’attachent tranquillement à fabriquer de la corde avec du spi’cn, à coudre des mocassins ou à travailler sur un projet de broderie en perles. « L’hiver est aussi le moment de se purifier l’esprit dans la suerie et de célébrer en famille à l’occasion de la danse de l’hiver », indique Mme Shaw.

Au printemps, les élèves ont ramassé des racines. Ils ont travaillé la terre pour en extraire du spitləm (un aliment maître), de l’échalote, des pommes de terre sauvages, de l’asaret coudé et des racines de Balsamorhiza sagittata. Cette année, l’établissement introduira de nouvelles célébrations en lançant la fête des racines, au cours de laquelle les élèves exprimeront leur gratitude pour l’approche de la nouvelle saison, et récolteront et prépareront ces aliments traditionnels.

« À l’approche de la fin de l’année scolaire, les élèves sortiront cueillir des baies, précise Mme Shaw. Ils ramasseront des siya (Aronie fleuri), un autre aliment maître. Ces baies seront ensuite séchées au soleil ou serviront à préparer une délicieuse confiture. »

« Grâce à ces expériences d’apprentissage pratiques et aux captikwl, les élèves étudient les croyances et les valeurs traditionnelles de la Nation Okanagan et trouvent des similarités avec d’autres cultures du monde, passées et actuelles », ajoute Mme Shaw.

Un enseignant de la SenPokChin fabrique de la corde à partir de spi’cn.

En finir avec les stéréotypes

Le Canada a eu une histoire difficile et douloureuse avec les peuples des Premières Nations. Beaucoup pensent donc que le système éducatif des Premières Nations est de moins bonne qualité que les pratiques pédagogiques de la « ville » ou des établissements situés en dehors des réserves, explique Mme Shaw.

« Nous sommes convaincus que le fait d’être une école du monde de l’IB nous aidera à mettre fin aux stéréotypes et à montrer que les peuples autochtones ont toujours eu une très bonne compréhension du fonctionnement du monde et que leurs connaissances peuvent profiter au monde entier », ajoute-t-elle.

La senpaq’cin célèbre l’Année internationale des langues autochtones 2019, mais ses efforts vont bien au-delà de l’initiative de l’ONU. La préservation du nqilxʷc est intégrée dans l’apprentissage au quotidien, ce qui contribue à promouvoir et à protéger cette langue autochtone, tout en enrichissant la vie des personnes qui la parlent.

 Nous vous invitons à lire d’autres articles sur l’Année internationale des langues autochtones dans le dernier numéro du magazine IB World, disponible ici (en anglais uniquement). Pour en savoir plus sur l’Année internationale des langues autochtones 2019, rendez-vous sur : https://fr.iyil2019.org. L’IB a également créé un réseau d’établissements autochtones. Si vous souhaitez le rejoindre, rendez-vous sur Espace programmes.