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Entretien avec le directeur du perfectionnement professionnel global de l’IB

Anthony Tait est à la tête du service du perfectionnement professionnel de l’IB depuis 2010. Il a débuté une longue et riche carrière dans l’éducation il y a plusieurs années, en Australie. Il est convaincu que le perfectionnement professionnel de l’IB a renforcé la passion qu’il voue à son travail et lui a donné les moyens d’en accroître la portée. M. Tait a occupé de nombreux postes tout au long de sa carrière : maître de conférences à l’université (en sciences de l’éducation), évaluateur en chef pour le cours d’études des sociétés pour le comité d’évaluation du deuxième cycle secondaire de l’Australie-Méridionale, examinateur et rédacteur d’épreuves de l’IB, enseignant du Programme du diplôme et du PEI et coordonnateur de l’IB. Dans l’entretien ci-après, il nous explique pourquoi, selon lui, le perfectionnement professionnel de l’IB joue un rôle crucial dans le soutien apporté aux apprenants permanents, élèves comme enseignants.

Anthony

Q – Qu’est-ce qui motive votre passion pour le perfectionnement professionnel ?

AT – Quand je pense à ma propre expérience professionnelle, ma carrière a été tracée par le perfectionnement professionnel, qui m’a également conduit au poste que j’occupe aujourd’hui. Fraîchement sorti de l’université, j’ai débuté ma carrière d’enseignant rempli d’optimisme. À cet âge-là et doté d’un tel enthousiasme, vous êtes convaincu d’enseigner pour changer le monde. Le réveil est rude pour la plupart des jeunes professionnels lorsqu’ils se rendent compte que l’enseignement est un véritable parcours d’apprentissage. Vous pouvez apprendre autant de choses que vous le souhaitez en théorie, mais c’est une autre histoire lorsqu’il s’agit de mettre ces connaissances en pratique. Les enseignants apprennent énormément sur le plan professionnel après avoir commencé leur carrière.
Lorsque je repense à mes débuts, l’apprentissage le plus important, et de loin, que j’ai fait s’est produit sur le terrain et ce sont les activités de perfectionnement professionnel auxquelles j’ai participé en tant qu’enseignant qui m’ont permis d’apprendre. À mes débuts, j’ai enseigné dans le système public en Australie-Méridionale, de sorte que tout mon perfectionnement professionnel était fondé sur le programme local. Ce n’est que plus tard, lorsque j’ai intégré une école du monde de l’IB, que j’ai participé à des activités de perfectionnement professionnel de l’IB. Cette expérience m’a complètement métamorphosé et a changé radicalement ma perception : pour la première fois, j’étais en contact avec des enseignants du monde entier et non pas seulement avec du personnel enseignant le programme d’Australie-Méridionale. J’ai trouvé cela passionnant ! J’ai pensé : « C’est formidable de voir tous ces enseignants, toutes ces ressources et ces idées épatantes provenant du monde entier. »

Étant géographe, je me rappelle l’un des premiers ateliers de l’IB que j’ai animé : il y avait des participants des Fidji, d’Allemagne, de Chine, d’Inde, d’Australie, de Singapour, de Nouvelle-Zélande, et tous enseignaient le même programme d’études, mais dans des contextes très différents. J’ai pu ainsi apprécier le programme de l’IB pour ce qu’il est : un programme flexible qui permet de joindre un contexte local à un programme d’études mondial. De même, partager mes meilleures pratiques avec des enseignants ayant des expériences variées et provenant de cultures différentes était vraiment enrichissant.

Q – Comment le perfectionnement professionnel a-t-il évolué depuis ?

AT – Quand j’ai commencé à enseigner à l’IB, peu d’activités de perfectionnement professionnel étaient disponibles. Les enseignants venaient du monde entier pour assister au seul atelier sur la géographie qui se tenait tous les deux ou trois ans.

À l’époque où j’étais coordonnateur, c’était très difficile de trouver des ateliers de perfectionnement professionnel pour nos enseignants. Aujourd’hui, chaque jour de la semaine, une activité de perfectionnement professionnel de l’IB est organisée quelque part dans le monde. Les types d’ateliers et les modes d’animation se sont également diversifiés. À l’époque, nous n’avions que des ateliers de type traditionnel. Aujourd’hui, nous proposons des solutions régionales ainsi que des ateliers animés par des fournisseurs externes, organisés dans l’établissement scolaire ou à l’échelle du district, mais aussi des ateliers groupés, en ligne et mixtes. Cela signifie que les enseignants ont beaucoup plus de possibilités pour participer à des activités de perfectionnement professionnel. Nous encourageons les enseignants de l’IB à poursuivre leur apprentissage professionnel, car c’est bien là l’essence de l’IB : l’apprentissage tout au long de la vie.

Q – Comment avez-vous choisi l’IB ?

AT – J’ai commencé à enseigner le programme de l’IB par hasard. Je travaillais dans le système public australien à une époque où les enseignants étaient mutés tous les cinq ans afin d’affecter du personnel dans les établissements scolaires ruraux, isolés. J’ai été affecté au seul établissement public à enseigner un programme de l’IB. Quand j’ai obtenu ce poste, je ne savais même pas ce qui était abordé dans le programme d’études. Aucune formation professionnelle destinée aux enseignants n’était disponible. De fait, j’ai enseigné pendant de nombreuses années avant d’assister à un atelier pour la première fois. La moitié du personnel qui enseignait le programme d’études de l’IB avait rarement l’occasion de suivre une formation de l’IB.

Q – Cela a-t-il été une révélation pour vous lorsque vous avez compris que l’IB proposait une éducation différente, enrichissante sur le plan professionnel ?

AT – Ça a été une véritable révélation quand j’ai retrouvé ma motivation et mon intérêt pour l’enseignement. J’avais enseigné le programme d’études d’Australie-Méridionale durant la majeure partie de ma carrière avant de découvrir le programme de géographie de l’IB, beaucoup plus centré sur des questions mondiales, telles que la pauvreté, la durabilité et le changement climatique. Il encourageait une étude plus critique des expériences humaines, en se référant à des environnements économiques et sociaux, et à travers une perspective mondiale. C’était beaucoup plus intéressant que d’explorer ces questions uniquement sous l’angle du programme d’études australien. Là, je pouvais partir de mon contexte national, puis l’étendre à des domaines plus internationaux, c’était passionnant. Enfin, la plus grande récompense était de voir mes élèves s’orienter vers des carrières s’inscrivant dans des domaines qu’ils avaient connus par l’intermédiaire de l’IB et qui les avaient amenés à s’intéresser à des professions liées à la gestion des ressources, à la planification urbaine durable, à la préservation et à la géopolitique. De nombreux élèves ont suivi des parcours qu’ils n’auraient pas connus sans l’IB.

Q – Quelle est l’importance du perfectionnement professionnel de l’IB pour le réseau de collaborateurs de l’IB (IBEN) ?

AT – Ayant moi-même animé des ateliers de l’IB, j’encourage vivement les enseignants de l’organisation à devenir animateurs d’atelier. L’IB a développé un cycle de formation des animateurs d’atelier de grande qualité et fondé sur la recherche. C’est l’une des meilleures occasions de perfectionnement professionnel dont on puisse faire l’expérience. En plus, les animateurs d’atelier ont l’occasion de partager des meilleures pratiques et de faire le plein de nouvelles idées au contact des participants. Des enseignants du monde entier continuent de m’écrire depuis le début des années 2000, pour me poser une question ou m’envoyer un exemple de ressource d’enseignement de qualité. Heureusement, les médias sociaux nous permettent d’être encore plus connectés, ce sera d’ailleurs l’objectif du portail de l’IB [prévu pour juin] : accroître les échanges par l’intermédiaire des communautés en ligne et des discussions sur la pratique concernant chaque atelier de perfectionnement professionnel de l’IB. Ce nouveau portail représente une étape importante pour l’IB qui renforcera ainsi ses liens avec l’IBEN, tout en conservant le dynamisme et la pertinence du perfectionnement professionnel et en soutenant les professionnels de l’éducation de l’IB, qui forment les principaux maillons du partage des meilleures pratiques.

– Que diriez-vous aux chefs d’établissement ou aux coordonnateurs qui ont du mal à dégager du temps ou des ressources pour permettre à leurs enseignants de participer à des activités de perfectionnement professionnel ?

AT – Une grande partie de la philosophie de l’IB repose sur le développement d’une communauté professionnelle d’apprentissage permanente au sein de l’établissement. Nous cherchons de nouveaux moyens de soutenir les chefs d’établissement et les coordonnateurs dans le développement et le maintien de communautés professionnelles d’apprentissage au sein de leur établissement. Même si seul un petit nombre d’enseignants peut participer à des activités de perfectionnement professionnel chaque année, nous espérons qu’ils transmettront par la suite ces informations au reste du corps enseignant de leurs établissements respectifs. Ainsi, le fait d’envoyer un enseignant [à une activité de perfectionnement professionnel] est un bon investissement puisqu’il apportera ensuite une contribution à l’ensemble de la communauté professionnelle d’apprentissage de son établissement. Vous rentabilisez davantage votre investissement en matière de perfectionnement professionnel de cette façon.

Les options en matière de perfectionnement professionnel sont bien plus nombreuses aujourd’hui en raison du nombre plus important de types d’ateliers et de tarifs proposés. Il y a cinq ans, seule une poignée d’ateliers en ligne était disponible. Aujourd’hui, nous avons développé tout un éventail de nouveaux ateliers qui couvrent l’ensemble des quatre programmes. Le perfectionnement professionnel en ligne est l’option la plus économique : nul besoin de se déplacer, de s’absenter de l’établissement scolaire ou de trouver des suppléants. Nous proposons également des ateliers organisés au sein de l’établissement, des ateliers de district ainsi que des ateliers groupés où l’animateur d’atelier se rend dans l’établissement, ou à proximité de celui-ci, pour animer un atelier de perfectionnement professionnel à l’intention de plusieurs enseignants à la fois. C’est aussi une option économique.

Q – Selon vous, cette offre accrue en matière de perfectionnement professionnel de l’IB a-t-elle permis aux enseignants d’exceller plus facilement dans leur rôle au sein de l’IB ?

AT – L’objectif ultime du perfectionnement professionnel est d’améliorer l’enseignement et l’apprentissage et d’enrichir les objectifs d’apprentissage de nos élèves. L’IB a investi dans un cadre d’assurance de la qualité rigoureux, qui nous fournit des données utiles et nous permet d’améliorer continuellement nos produits de perfectionnement professionnel et d’en créer de nouveaux en fonction des demandes des écoles du monde de l’IB. Par exemple, nous demandons à chaque participant à une activité de perfectionnement professionnel de nous fournir un retour d’information au moyen d’une enquête d’évaluation. Quelque 3 à 6 mois plus tard, nous communiquons ensuite avec un certain pourcentage de ces enseignants et leur posons davantage de questions sur la façon dont cet atelier s’est traduit dans leurs stratégies d’enseignement. Ainsi, nous recueillons de nombreux points de données à partir de sources variées, ce qui nous permet de mettre les données en relation et de prendre des décisions éclairées. Nous avons développé notre cadre de travail en collaboration avec certains des meilleurs instituts de recherche dans le monde et les résultats sont très encourageants. Le service de recherche de l’IB procède également à une analyse détaillée des données afin de nous faire connaître les déterminants clés de la satisfaction. À ce jour, cette analyse a confirmé que les principaux motifs de satisfaction concernent les objectifs globaux et spécifiques des différentes catégories d’atelier. C’est très encourageant !

Q – Vous vous mettez volontiers à la place des enseignants et des coordonnateurs. De ce point de vue, qu’aimeriez-vous accomplir de plus ?

AT – Au cours des premières années où j’ai occupé ce poste, j’ai développé des activités de perfectionnement professionnel qui visaient à permettre aux établissements scolaires de réussir le processus d’autorisation et d’évaluation. Le lancement de l’ensemble des ateliers de catégories 1 et 2 était essentiel pour atteindre cet objectif. Au cours des deux dernières années, nous avons orienté nos efforts vers les ateliers de catégorie 3 et nous souhaitons vraiment que les enseignants les prennent en considération. Les enseignants doivent comprendre que les ateliers de catégories 1 et 2 constituent seulement le point de départ de leur parcours de perfectionnement professionnel de l’IB. En effet, ils doivent ensuite se tourner vers les ateliers de catégorie 3, où ils pourront explorer des thèmes passionnants sur l’évaluation, le contenu des matières, la pédagogie, la différenciation, la recherche et bien plus encore. Pour moi, les ateliers de catégorie 3 sont les plus intéressants, car ils nous permettent d’explorer vraiment en profondeur nos domaines d’intérêt. Nous travaillons également au perfectionnement professionnel destiné aux futurs dirigeants et aux dirigeants expérimentés. Nous venons de terminer un projet de deux ans, dans lequel nous avons collaboré avec plusieurs professionnels de l’éducation et universités de haut niveau pour développer une nouvelle gamme d’ateliers de perfectionnement professionnel consacrée aux compétences de direction. Ainsi, plus tard dans l’année [2015], nous lancerons une série d’ateliers destinés aux futurs dirigeants. En 2016, nous proposerons également une série d’ateliers conçus pour les dirigeants de l’IB expérimentés.

Q – Quels autres projets avez-vous pour le perfectionnement professionnel global ?

AT – Nous allons davantage développer les activités de perfectionnement professionnel informelles [en ligne], qui, vous l’aurez peut-être remarqué, se sont multipliées au cours des dernières années, grâce à la popularité de nos séries de webinaires. Vous avez peut-être entendu parler du forfait IB DP Advantage [disponible en anglais uniquement], que nous avons commencé à proposer cette année : il comprend des modules d’apprentissage en ligne, des webinaires et des vidéos, que vous pouvez consulter à votre rythme. Cet abonnement à des activités de perfectionnement professionnel informel donne aux enseignants et aux coordonnateurs les moyens de diriger leur propre communauté d’apprentissage professionnel en leur donnant accès à tout un éventail d’outils. Ils peuvent ainsi s’appuyer sur des ressources intéressantes pour enrichir leurs échanges lorsqu’ils se réunissent avec leur communauté d’apprentissage au sein de leur établissement. C’est la raison pour laquelle le forfait IB DP Advantage est tellement utile pour les coordonnateurs : il leur donne la possibilité d’utiliser des éléments isolés, une vidéo par exemple, durant leurs réunions de personnel avec les enseignants de l’IB. Cette vidéo peut ensuite être analysée pour susciter un débat enrichissant sur les pratiques qui pourraient être améliorées au sein de l’établissement. Si j’étais encore coordonnateur, je donnerais aux nouveaux enseignants l’un des modules d’apprentissage en ligne qu’ils peuvent consulter à leur rythme et je leur dirais : « vous avez entre les mains une ressource formidable sur le programme : elle comprend l’ensemble des éléments fondamentaux que vous pouvez étudier en fonction du temps dont vous disposez. » On peut suivre les webinaires seul ou en groupe. Les membres d’un groupe d’enseignants peuvent assister à des webinaires différents, puis se réunir pour exposer aux autres ce qu’ils ont appris et ainsi partager les meilleures pratiques. C’est grâce à de telles ressources que les communautés d’apprentissage prennent vie.

J’ai également à cœur de proposer un perfectionnement professionnel plus informel, d’une plus courte durée et à moindre coût pour tous les programmes. Nous réalisons également une étude de marché sur les attentes de nos participants en matière de modèles mixtes. Elle nous informera sur la façon de développer un apprentissage plus mixte à l’avenir. Nous lancerons bientôt notre premier module de perfectionnement professionnel destiné aux parents des élèves du Programme du diplôme ! Ce module d’apprentissage en ligne sera disponible gratuitement sur le site Web de l’IB et abordera la TdC en des termes accessibles aux parents. Il sera également utile aux coordonnateurs du Programme du diplôme pour les réunions d’information avec les parents.

Q – Vous décrivez le coordonnateur de l’IB comme le « conseiller en chef » au sein de l’établissement.

AT – Ce sont d’importants responsables pédagogiques qui jouent un rôle déterminant dans la réussite des programmes de l’IB.

Q – Continuez-vous de participer à des ateliers de perfectionnement professionnel de l’IB ?

AT – Absolument, tous les ans. Non seulement parce que je souhaite rester en contact avec nos enseignants, mais aussi parce que j’adore ça ! C’est extrêmement motivant d’assister à un atelier mené par un animateur passionné et de voir les réactions des participants.

– Quels ateliers figurent parmi vos préférés ?

AT – Il y en a beaucoup, mais pour n’en nommer que quelques-uns : pour le PP, l’apprentissage fondé sur le jeu, l’apprentissage fondé sur des concepts, la citoyenneté numérique, encourager la créativité, ainsi que littératie, mathématiques et apprentissage par les symboles dans le cadre de la petite enfance. Pour le PEI, je suis un inconditionnel des ateliers portant sur la salle de classe inclusive, les contextes mondiaux pour l’enseignement et l’apprentissage, la gestion de l’évaluation, les projets du PEI et les compétences affectives. Pour le Programme du diplôme, je recommande les approches de l’enseignement et de l’apprentissage, les concepts et la recherche dans le Programme du diplôme, la TdC pour les enseignants des matières, le mémoire, ainsi que l’ensemble des ateliers sur l’évaluation interne dans une matière particulière. Nous proposons également de formidables ateliers sur le continuum destinés aux enseignants de tous les programmes, tels que les salles de classe inversées, une éducation promouvant la sensibilité internationale et le profil de l’apprenant à découvert. Cette année, nous développerons également des ateliers supplémentaires pour le Programme à orientation professionnelle. Mais ce qui fait ma plus grande fierté, c’est notre modèle de perfectionnement professionnel animé par des pairs et dans lequel les enseignants de l’IB font réellement preuve d’innovation. La communauté de l’IB tout entière tire de nombreux avantages de ce modèle ainsi que du professionnalisme créatif de tous nos professionnels de l’éducation. Pour moi, c’est ce qui rend le perfectionnement professionnel de l’IB particulièrement dynamique et passionnant !