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Développer l’action chez les élèves améliore l’équité et l’accès

Par Rhonda Broussard

Rhonda BroussardÀ l’été 2006, ma famille et moi avons quitté Brooklyn, New York, pour nous installer à St Louis, dans le Missouri. C’est alors que j’ai commencé à chercher la bonne communauté d’apprentissage pour mes enfants et moi-même. Après avoir enseigné le Programme d’éducation intermédiaire (PEI) et le Programme du diplôme, j’ai eu l’impression que la plupart des établissements urbains s’attendaient à ce que les élèves appartenant à des minorités issues de communautés défavorisées sur le plan socio-économique consomment des connaissances sans pour autant les mettre à profit. J’ai entamé mes propres recherches sur la conception d’un établissement scolaire. Et si nous proposions une éducation extrêmement rigoureuse et enrichissante sur le plan scolaire à une communauté intentionnellement diverse ? Et si cette éducation était gratuite pour tous ? Et si tous les enfants avaient accès à la même éducation que les enfants de nos dirigeants mondiaux ? Et s’ils apprenaient tous à être bilingues et à voir le monde avec un regard différent ? Et s’ils se considéraient dès maintenant acteurs du changement au sein de leur communauté au lieu d’attendre que d’autres, ou leurs aînés, entrent en action ?

Lorsque j’ai fondé les St. Louis Language Immersion Schools (SLLIS), notre vision était de créer un réseau complet d’établissements publics proposant le continuum des programmes de l’IB. Nos trois premiers établissements élémentaires, la Chinese School, la French School et la Spanish School ont reçu l’autorisation d’enseigner le Programme primaire (PP). Notre site d’enseignement secondaire, l’International School, a entamé le processus de candidature pour proposer le PEI. Tous ces établissements représentent un engagement volontaire envers la diversité. Nous sommes classés « Title I », ce qui signifie que nous servons une diversité ethnique qui reflète ou même surpasse celle de notre région, et que nous représentons des langues maternelles et pays d’origine variés, ainsi que tout un éventail de situations familiales.

Au sein de notre communauté scolaire, nous souhaitons que les élèves s’interrogent : « Pourquoi apprenons-nous ceci ? Qu’est-ce que cela a à voir avec ma vie ? J’ai sept ans, qu’est-ce que je peux y faire ? ». 

Nous attendons de nos enseignants qu’ils répondent à ces questions en établissant des liens entre les textes et la vie réelle et en donnant aux élèves davantage d’occasions d’agir d’une façon adaptée à leur âge. Nos élèves de deuxième année sont mis au défi d’accomplir leur première action dans le cadre d’une unité sur les droits et les privilèges. Les enseignants leur demandent quel droit ils souhaitent défendre. Les élèves identifient des droits et les personnes qu’ils doivent sensibiliser (frères et sœurs, autres élèves de la classe, enseignant, parents ou membres de la direction) puis commencent une campagne pour mettre en œuvre le changement. Quand nos promotions de deuxième et troisième années formulent des arguments sophistiqués pour changer la politique en matière d’uniforme, mettre en place un recyclage multiproduit, ou utiliser des casiers, notre communauté d’adultes les encourage et engage une conversation en temps réel pour susciter ce changement.

Lugares de origen del personal de SLLIS.

Découvrez d’où vient le personnel des SLLIS !

Lors de l’une des premières expositions de nos cinquièmes années, une élève de la Spanish School s’est posé la question de la peur. Elle a commencé sa présentation par un diagramme circulaire révélant les peurs les plus communes : les clowns, les chiens qui aboient, les maisons abandonnées et les films d’horreur. La peur numéro un ? Les maisons abandonnées. Elle nous a ensuite habilement présenté une carte de données issues d’un système d’information géographique montrant le nombre de maisons abandonnées dans notre ville et a partagé sa première conclusion : ces données signifiaient que les personnes avaient peur de se rendre dans son quartier et que les résidents pouvaient avoir peur de rentrer chez eux. Puis, elle a relié les données de recensement avec la plus forte concentration de propriétés abandonnées et a recoupé ces informations avec les crimes contre la personne : les taux de criminalité étaient également plus élevés dans ces quartiers. Elle a poursuivi son exposition avec des exemples de phénomènes similaires dans d’autres zones urbaines du pays. Que pouvons-nous faire ? Investir dans les services : remplir les propriétés vacantes en y installant des établissements scolaires, des centres communautaires, des projets artistiques, donner des raisons aux gens de rentrer chez eux, et ce, dans le simple but de réduire leurs peurs concernant les communautés urbaines.

J’étais ravie ! C’est exactement le type de réflexion et d’attention qui préparera notre population d’élèves urbains à mieux réussir dans l’enseignement supérieur et dans leur vie professionnelle.

Lorsque l’on parle des écoles du monde de l’IB qui réussissent à améliorer l’excellence et l’équité au sein de populations diverses, nous devons nous rappeler que cela va au-delà des résultats. Quelles mesures mettre en place dans nos établissements et nos salles de classe où il est attendu que les élèves appartenant à des minorités et/ou issus de foyers à revenus modestes s’approprient leur apprentissage ? Où il est attendu que ces mêmes élèves fassent preuve d’aplomb pour remettre en question les textes, les autres élèves, leurs enseignants, mais aussi qu’ils se remettent en question eux-mêmes ? Qu’ils allient analyse et action ? Partageons des histoires d’élèves qui changent le monde grâce à l’apprentissage reposant sur la recherche. L’action et le plaidoyer auxquels se livrent les élèves dans les établissements proposant le PP sont des outils essentiels pour réduire les inégalités.


Rhonda Broussard (@broussardrhonda) est la fondatrice et l’ancienne présidente des St. Louis Language Immersion Schools. Cette chercheuse professionnelle a fondé un réseau d’écoles du monde de l’IB ainsi qu’une éducation linguistique à but non lucratif. Elle a réalisé des recherches sur les langues et les cultures au Cameroun, en France métropolitaine et en Martinique, est titulaire d’une certification du National Board et a enseigné dans plusieurs établissements secondaires aux États-Unis.

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