Top Nav Breadcrumb - French0

Un cours d’études sociales qui fonctionne au kérosène !

Vous souhaitez rendre vos cours d’histoire plus passionnants et encourager un apprentissage approfondi ? Le cours Big History (la grande histoire de l’univers) pourrait bien vous intéresser. Emanuele Pesoli s’est exprimé sur les points forts de ce cours dans un entretien avec le magazine IB World.

Les fondateurs du projet Big History décrivent le cours Big History comme un « cours d’études sociales qui fonctionne au kérosène ». Le cours allie de manière très efficace un apprentissage interdisciplinaire, une approche reposant sur la recherche et un programme organisé autour de concepts moteurs pour permettre aux élèves d’explorer l’histoire de l’univers, du big-bang à aujourd’hui.

Les fondateurs du projet Big History ont été inspirés par le travail de l’historien David Christian et bénéficient du soutien de Bill Gates. Le cours Big History fournit des liens potentiellement intéressants avec les programmes de l’IB, ce qui a donné naissance à une nouvelle collaboration entre le projet et le Programme d’éducation intermédiaire (PEI).

Emanuele Pesoli, responsable du programme d’études de l’IB pour le groupe de matières Individus et sociétés du PEI, s’est entretenu avec Sophie-Marie Odum, rédactrice du magazine IB World, pour lui expliquer les projets de l’organisation et comment les établissements pouvaient participer.

Sophie-Marie Odum (SMO) : Parlez-moi du projet Big History.

Emanuele Pesoli (EP) : Il s’agit d’un programme d’études en ligne, qui vise à enseigner l’histoire de manière plus interdisciplinaire. Ce projet a vu le jour en 2010 et le cours est actuellement enseigné dans 1 600 à 1 700 établissements scolaires. La grande majorité de ces établissements (90 %) sont situés aux États-Unis et en Australie. En général, les établissements américains enseignent le cours Big History à la place de leurs cours traditionnels d’histoire mondiale. Plusieurs écoles internationales proposent également ce cours, en particulier à Hong Kong et à Singapour.

Le projet Big History fournit un accès gratuit à des ressources en ligne intéressantes et faciles à utiliser pour les enseignants. Il donne aussi la possibilité aux professionnels de l’éducation d’échanger des informations et des ressources, de partager leurs stratégies pour enseigner des unités spécifiques et de créer des tâches d’évaluation communes.

Pour résumer, le programme d’études du projet Big History explore le développement de l’univers, du big-bang jusqu’à l’émergence de la culture contemporaine, à travers huit étapes fondamentales ou points de transition de plus en plus complexes :

  1. la création de l’univers ;
  2. la matière et la formation des étoiles ;
  3. le développement d’éléments chimiques complexes ;
  4. la formation des planètes ;
  5. l’apparition de la vie ;
  6. l’évolution de l’Homo sapiens ;
  7. l’apparition de l’agriculture ;
  8. les révolutions dans la société humaine, la compréhension scientifique et la technologie.

SMO : En quoi le projet Big History s’aligne-t-il sur les valeurs de l’IB ?

EP : Eh bien, ils ont certaines caractéristiques en commun. D’une part, le projet Big History tend à appliquer une approche de « vision d’ensemble » interdisciplinaire, étant donné qu’il fait appel au contenu scolaire de multiples domaines d’études (dans ce cas, l’histoire et la science). C’est une approche que nous utilisons souvent dans le PEI. D’autre part, le cours repose sur la recherche : les élèves mènent une réflexion et une recherche sur de grandes idées, ce qui leur permet de s’approprier leur apprentissage et de démontrer leur compréhension.

Tous les ans, en janvier, le projet Big History organise un sommet annuel destiné aux responsables d’équipe enseignante, à Seattle, aux États-Unis, auquel il convie des enseignants qui enseignent le cours Big History depuis plusieurs années. J’ai participé à la dernière conférence, où l’on nous a annoncé que 3 000 établissements scolaires dans le monde prévoyaient d’enseigner le cours. Ce qui est intéressant pour l’IB, c’est que beaucoup des ressources mises à la disposition des enseignants sur le site Web du projet, et qui ne sont actuellement disponibles qu’en anglais, seront traduites en espagnol en 2018 et en mandarin en 2020. Le projet Big History est en passe de devenir un véritable projet international.

SMO : Le site Web du projet Big History indique que le programme repose principalement sur une approche centrée sur l’enseignant. En quoi cela est-il compatible avec la philosophie de l’IB, qui prône un apprentissage centré sur l’élève et reposant sur la recherche ?

EP : Cette approche s’intègre très bien aux programmes de l’IB, en particulier au PEI, car elle prévoit de nombreuses activités fondées sur la recherche. Le cours repose donc beaucoup moins sur le contenu et beaucoup plus sur la recherche et sur le fait que les élèves doivent étudier des sujets spécifiques, que ce soit seuls ou en groupe. Globalement, nous utilisons la même approche dans le PEI. Cette approche est propice au développement de la pensée critique et des compétences de recherche chez les élèves, tout comme le projet personnel et le mémoire du Programme du diplôme de l’IB.

Pour moi, le projet Big History est plutôt centré sur l’élève, en ce qu’il donne aux apprenants de nombreuses possibilités de faire des choix et d’approfondir leur compréhension. En gros, c’est un résumé de l’histoire de l’humanité et c’est ce qui le rend particulièrement efficace. Il est très facile de le relier aux contextes mondiaux du PEI et à l’approche du programme qui consiste à encourager les élèves à expérimenter la vie en dehors de la salle de classe.

Je le définirais davantage comme une expérience d’apprentissage facilité par l’enseignant. Le projet Big History met tout en œuvre pour faciliter la tâche aux enseignants et leur apporter le soutien dont ils ont besoin pour aider leurs élèves à réussir. Le programme donne de nombreuses occasions aux élèves de prendre des décisions, de faire preuve d’agentivité et de diriger leur propre recherche.

SMO : Comment s’imbrique-t-il dans le cadre pédagogique du PEI ? Fait-il partie du groupe de matières Individus et sociétés ou s’agit-il plutôt d’un cours indépendant à enseigner en parallèle et non pas dans le cadre des programmes de l’IB ?

EP : C’est une bonne question. En participant au projet Big History, nous voulons vraiment explorer comment les enseignants et les établissements peuvent enseigner le cours dans leur contexte local spécifique. Certains établissements enseignent le cours Big History dans le cadre du groupe de matières Individus et sociétés, d’autres l’enseignent comme une série d’unités interdisciplinaires formelles ou comme un cours intégré. Des établissements l’utilisent également comme une sorte de cours préparatoire à la théorie de la connaissance (TdC), étant donné qu’il soulève d’importantes questions sur la connaissance et les modes de la connaissance et encourage la pensée intégrative. D’autres encore le proposent comme un cours de sciences supplémentaire.

Ce qui nous intéresse, nous qui nous chargeons de la conception des programmes, c’est d’explorer comment les établissements utilisent le cours Big History, et notamment à quel âge ou en quelle année ils décident de l’enseigner.

Nous allons lancer une étude pilote de petite envergure en septembre 2017 et prévoyons d’augmenter le nombre d’établissements participants en 2018. Nous débutons donc l’étude avec quelques établissements scolaires américains, avant de la déployer à plus grande échelle en 2018. Nous avons sélectionné une douzaine d’établissements qui commenceront à enseigner le cours Big History dans le contexte du PEI après avoir organisé des formations en ligne pour leurs enseignants. La plupart de ces établissements sont situés à New York et en Californie, ce qui est plus facile pour travailler directement avec eux et nous rendre sur place pour mener notre recherche et leur apporter un soutien.

Nous prévoyons ensuite d’organiser une conférence afin de faire le bilan des résultats de ces innovations à petite échelle et de comprendre comment les établissements ont mis en œuvre le cours Big History, ainsi que les effets que le programme a eus sur les enseignants, les élèves et les communautés scolaires.

Nous avons volontairement choisi d’adopter une approche d’exploration. Les échanges entre l’IB et les fondateurs du projet Big History ont été très fructueux et nous retrouvons des points communs évidents dans notre pédagogie et notre philosophie en matière d’éducation. Nous sommes très heureux que des écoles du monde de l’IB fassent preuve d’innovation et d’audace pour ouvrir la voie à ce nouveau cours.

SMO : Quelle sera la place du projet Big History dans les évaluations électroniques du PEI ?

EP : Nous n’avons pas encore la réponse à cette question. Le modèle d’évaluation électronique du PEI est encore tout jeune et la plupart des établissements ne proposent pas les examens sur ordinateur du PEI ni ne soumettent les portfolios électroniques à la révision de notation. Notre approche à l’égard de ce projet est très vaste. Notre objectif est non seulement d’étudier comment les établissements utilisent le cours, mais également d’obtenir un retour d’information pratique des établissements sur le matériel de soutien pédagogique.

Nous avons aussi besoin d’une vision à plus long terme. L’étude des liens entre le cours Big History et le PEI nous permettra d’explorer des possibilités de perfectionnement professionnel pour les enseignants et, éventuellement, à terme, de mettre en place une évaluation officielle du cours sanctionnée par l’IB.

SMO : Est-ce que d’autres programmes, comme le Programme du diplôme, pourraient intégrer le projet Big History ?

EP : Oui. Le cours Big History a potentiellement des liens étroits avec le cours de nature de la science du Programme du diplôme, qui est pour l’heure un cours pilote. On peut même imaginer qu’il devienne une matière principale à terme, bien que cela ne pourrait avoir lieu qu’après de longues discussions.

SMO : Pourquoi les écoles du monde de l’IB doivent-elles participer au projet Big History ?  

EP : La communauté de l’IB accorde beaucoup d’importance à l’innovation et certains établissements ont à cœur d’expérimenter de nouvelles approches pédagogiques. Le projet Big History pourrait leur permettre de s’engager dans cette voie. La tendance actuelle en matière de pédagogie collaborative tend à l’innovation et à l’authenticité. Elle encourage des degrés de collaboration plus élevés et l’adoption d’une approche plus interdisciplinaire à l’égard des projets. Le PEI comme le projet Big History sont particulièrement propices à cela. Je pense que le concept a de quoi séduire de nombreux établissements.

Le projet Big History permet aux enseignants d’enrichir un contenu parfois obligatoire et rigide dans certains systèmes nationaux ou publics. Il fournit également aux élèves des occasions passionnantes de développer leurs compétences spécifiques aux approches de l’apprentissage, en particulier dans le domaine de la recherche.

SMO : Comment les écoles du monde de l’IB peuvent-elles participer ?  

EP : Nous avons lancé un projet d’exploration et souhaitons convaincre le plus grand nombre d’écoles du monde de l’IB possible de nous rejoindre. Nous en sommes encore à l’étape de développement des idées, donc nous serions très heureux d’inclure tous les établissements qui souhaitent explorer ce projet.

En milieu d’année 2018, nous prévoyons d’organiser une conférence ou un groupe de travail spécial pour étudier ce qu’ont fait les établissements et comment. Cela nous permettra d’évaluer comment ils ont intégré le cours Big History au PEI. À cette étape, nous disposerons d’un plus grand nombre de données sur les méthodes qui fonctionnent et nous en saurons plus sur la façon dont nous pouvons soutenir les établissements dans le développement de stratégies innovantes pour mettre en place un apprentissage qui transcende les frontières disciplinaires.

Si vous souhaitez obtenir davantage d’informations sur le projet Big History ou y participer, envoyez un courriel à l’adresse myp.curriculum@ibo.org.