Top Nav Breadcrumb - French0

Mon ticket pour le Festival de Cannes

Halley Rose Meslin, diplômée de l’IB de la Fishers High School, aux États-Unis, nous raconte l’année unique qu’elle a passée à étudier dans la ville de Cannes, en France. Elle rejoint cette année l’équipe des anciens élèves qui nous feront part de leurs expériences depuis l’obtention de leur diplôme de l’IB.


Par Halley Rose Meslin

Au moment où j’ai posé le pied sur le tapis rouge, je me suis retournée pour voir l’agitation merveilleuse qui régnait en contrebas. Une horde de photographes longeait le tapis, immortalisant la procession. La foule se pressait contre les barrières, impatiente de voir arriver l’équipe du film. Rassemblant dans mes mains le somptueux tissu rose de ma robe, j’ai monté les marches et souri à cet océan d’inconnus. Le flot de spectateurs scintillait sous les feux des projecteurs tandis que nous nous dirigions vers le Palais des festivals. Après avoir monté les dernières marches d’un escalier blanc en colimaçon, je me suis installée dans mon siège en velours rouge dans le mythique Auditorium Louis Lumière pour assister à la première du film The Square, à l’occasion de la 70e édition du Festival de Cannes.

Le tumulte empreint de glamour [du Festival de Cannes] a mis à l’épreuve ma confiance en moi et mon habileté culturelle.

Halley Rose Meslin sur le tapis rouge du Festival de Cannes, en France.

 

Je n’ai pas étudié le français dans le but de défiler sur un tapis rouge en me rendant à la première d’un film, mais que voulez-vous, c’est la vie. J’ai suivi le cours de français niveau supérieur (NS) du Programme du diplôme de l’IB avant d’en faire ma spécialité à l’université. Pour conclure mes études, j’ai passé un semestre à Cannes, en France. La majeure partie de l’année, Cannes est un petit village tranquille en bord de mer. Mais tous les ans au mois de mai, il se transforme en capitale du cinéma à l’occasion du Festival de Cannes. Des stars du grand écran, des journalistes, des réalisateurs de cinéma et des personnalités riches et célèbres du monde entier affluent sur la Côte d’Azur pour voir et être vus. La population triple, les yachts font leur entrée dans le port et les rues vibrent au son des discussions sur le cinéma international.

Il est difficile pour monsieur tout le monde de voir un film à Cannes. Chaque événement du festival est régi par des accréditations et des invitations. Par exemple, seuls les professionnels du cinéma et des médias peuvent pénétrer dans l’inaccessible Palais des Festivals. En tant que résidente de Cannes, j’ai reçu l’accréditation la moins prestigieuse, qui m’a permis d’accéder à certaines projections, tout en me plaçant tout en bas de l’échelle. Chaque matin, je me rendais dans la petite tente blanche en face de la mairie où des invitations étaient distribuées au compte-gouttes et demandais « Avez-vous des invitations aujourd’hui ? ». Ce rituel matinal a payé et m’a permis de voir plusieurs films. Malgré leur qualité, ces films n’étaient pas considérés comme des productions à grand enjeu, car ils ne concouraient pour aucun prix.

Il faut être chanceux pour assister à la première d’un film et marcher sur le tapis rouge. Ou bien il faut avoir le style adéquat, être en possession d’une invitation bleue illusoire et avoir le bon badge. J’avais la robe et je m’étais procuré une invitation grâce à un ami en stage au Palais. Cependant, sans badge de l’industrie du cinéma, il n’était pas gagné que je puisse traverser le tapis rouge, car les agents de la sécurité avaient la réputation de recaler les intrus.

La nuit s’est déroulée comme un conte de fées moderne. J’ai revêtu ma robe de bal et me suis dirigée seule jusqu’au boulevard bordé de palmiers qui donnait sur le Palais. Dans un autre contexte, j’aurais eu l’air bien bizarre, en train de parader dans une rue bondée dans ma robe en tulle rose et mes escarpins à paillettes. Mais nous étions à Cannes. Je passais devant des cafés remplis de clients en smoking et en robes de créateurs. J’ai secoué les plis de ma robe pour faire tomber les grains de sable qui s’étaient coincés dedans et j’ai pris ma place dans la queue pour parcourir le tapis rouge. Ma formation en danse classique m’a été utile pour parcourir la tête haute, le dos droit et les épaules baissées les trois pas qui me séparaient de l’agent de la sécurité.

« Bonsoir », ai-je gentiment murmuré à l’agent de la sécurité tandis que je lui montrais mon invitation en tentant de cacher ma nervosité.

« Bonsoir. Avez-vous un badge ? », a répondu l’agent.

L’heure de vérité avait sonné.

« Oui, le voici », ai-je répondu en sortant nonchalamment de mon sac à main serti de perles mon badge de résidente (sans grande valeur).

Un regard rapide et sommaire plus tard et je recevais le signe d’approbation tant convoité. J’avais réussi à passer ce test grâce à mon aptitude à me fondre dans la masse.

J’ai profité de chaque seconde de l’atmosphère enivrante du Festival de Cannes grâce à mon niveau de français et à mes compétences culturelles. Le tumulte empreint de glamour a mis à l’épreuve ma confiance en moi et mon habileté culturelle. Je suis devenue une membre active d’une communauté internationale : je voyais des films étrangers, je me rendais à des soirées et j’échangeais avec des personnes du monde entier. C’est ma préparation universitaire qui m’a conduite à Cannes, mais c’est mon ouverture d’esprit qui m’a convaincue de saisir ma chance et de plonger dans cette expérience unique dans la vie.


Halley Rose Meslin a obtenu le diplôme de l’IB de Fishers High School, aux États-Unis, en 2014, après avoir étudié la première année du Programme du diplôme à l’International School of Toulouse, en France. La jeune femme devrait obtenir un diplôme de premier cycle en français et en études de l’environnement et de la durabilité de l’Université de l’Indiana en 2018.