Le Baccalauréat International (IB) organisera son Festival européen de l’éducation annuel à Varsovie, en Pologne, les 19 et 20 mars 2020. Il portera sur le thème « Direction et apprentissage au XXIe siècle » dans le but particulier de « Motiver, innover et intégrer ».
Pierre Dillenbourg, professeur ordinaire au sein du laboratoire d’ergonomie éducative de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, fera partie des conférenciers principaux de la conférence. À l’approche du festival, M. Dillenbourg nous en dit un peu plus sur le thème de sa session plénière : les environnements et les technologies d’apprentissage.
1. Comment décririez-vous l’environnement d’apprentissage idéal et quelles technologies d’apprentissage seraient utilisées dans cet environnement ?
La plupart des chefs d’établissement sont à la recherche de la solution miracle pour mettre en place un environnement d’apprentissage idéal et pensent que celle-ci prend la forme d’une seule et unique solution. En fait, cette solution miracle se compose d’un écosystème d’outils et de plateformes à la fois numériques et non numériques. Il existe une myriade d’outils de nature différente. Pour être efficace, cet écosystème doit être interdépendant et ses outils et plateformes doivent fonctionner ensemble au lieu de se faire concurrence. C’est la clé de la réussite.
2. Quels résultats d’apprentissage pouvons-nous obtenir en intégrant la technologie dans les activités en classe ?
Il est important de noter que ce n’est pas l’intégration de la technologie qui est à l’origine des résultats d’apprentissage en classe, mais les activités d’apprentissage mises en place. Certes, la technologie nous aide à proposer un ensemble plus varié d’activités d’apprentissage, mais c’est l’enseignant qui guide cet apprentissage. Par exemple, le simple fait d’introduire des robots éducatifs en classe n’entraînera aucun résultat d’apprentissage. Celui-ci sera déterminé par ce que les enseignants demandent à leurs élèves de faire avec ces robots éducatifs, que ce soit écrire un morceau de code ou appliquer un code pour que les robots réalisent une opération particulière.
3. À votre avis, qu’est-ce qui peut aider les enseignants à faire efficacement leur travail sans que la technologie ne prenne le contrôle de la salle de classe ?
L’introduction massive de la technologie en classe a compliqué l’enseignement, si bien que l’on observe parfois une aversion à son égard. Certaines caractéristiques technologiques rendent l’orchestration de la salle de classe plus difficile. Lors de ma session, je parlerai des caractéristiques à prendre en considération au moment de choisir des technologies d’apprentissage qui facilitent aussi le travail des enseignants.
4. Selon vous, en quoi les technologies d’apprentissage sont-elles pertinentes au regard du thème de la conférence « Motiver, innover, intégrer » ?
La technologie a réellement le pouvoir de motiver les élèves. Elle leur donne également l’occasion d’explorer la variation. Par exemple, avec notre application GardenAR, les jardiniers en herbe utilisent un modèle en 2D de leur propre jardin (tel qu’il a été photographié par un drone) pour créer un jardin virtuel dans lequel ils plantent des arbres et installent des objets. Ils peuvent modifier leur jardin autant qu’ils le souhaitent, notamment en passant à une autre saison ou en changeant d’année. Cela leur permet de visualiser l’apparence de leur jardin dans le futur et de décider s’ils souhaitent revoir leur conception. Il leur serait impossible de faire cela sans la technologie.
Et enfin…
Durant la session plénière que j’animerai au Festival européen de l’éducation en mars, j’espère en finir avec l’idée reçue selon laquelle les outils numériques rendent les établissements scolaires froids et non accueillants et mettre un terme aux attentes excessives placées sur l’utilisation de la technologie en classe – celle-ci peut être efficace, mais il n’y a pas de solution miracle !