Enseigner les matières du groupe Individus et sociétés du PEI dans un monde en pleine évolution

Alors que la pandémie de COVID-19 (coronavirus) généralise l’apprentissage mixte, Novadene Miller, enseignante du groupe de matières Individus et sociétés du Programme d’éducation intermédiaire (PEI), nous fait part de ses techniques pour motiver les élèves dans ce nouveau paysage éducatif.

Par Novadene Miller

La pandémie nous donne énormément de fil à retordre, mais elle nous offre aussi des occasions d’utiliser d’autres méthodes d’enseignement alors que l’apprentissage mixte devient la norme. Dans un tel contexte, comment les enseignants du groupe Individus et sociétés du Programme d’éducation intermédiaire (PEI) peuvent-ils tirer parti de ce nouvel environnement pour contribuer à former une nouvelle génération de penseurs et de décideurs ?

Dans cet article, je m’intéresse à des techniques et à des exemples susceptibles d’encourager le soutien entre pairs, de compléter le soutien parental et d’accroître l’investissement des élèves de manière dynamique.

Inciter les élèves à devenir des décideurs mondiaux

Le fait d’appréhender les élèves comme des individus ayant du pouvoir et un objectif influence les rapports qu’ils entretiennent avec nous et la manière dont ils communiquent avec leurs pairs. En tant qu’enseignants, nous ne devons pas nous contenter de reproduire ce qui se passe dans le monde, mais plutôt déterminer la manière dont les élèves perçoivent leur empreinte et les encourager à devenir des décideurs à l’échelle communautaire, nationale et mondiale.

Dans quelle mesure parvenons-nous à provoquer une recherche et à explorer les centres d’intérêt des élèves ? Notre mission consiste à trouver des méthodes et à définir un cadre pour l’élaboration de solutions et d’initiatives ascendantes en vue de résoudre des problèmes mondiaux.

Nos communautés regorgent de ressources, mais nous les négligeons souvent. Nous pouvons organiser des webinaires avec des experts afin de travailler sur des problèmes et des concepts mondiaux et réaliser des activités de résolution de scénarios concrets en direct grâce aux salles de classe virtuelles. Cela peut élargir le dialogue autour de la recherche et aider les élèves à dépasser les stéréotypes tout en apprenant des faits et en se familiarisant avec des résultats innovants d’études concrètes qui leur montrent d’autres points de vue que les leurs.

Par exemple, en tant que jamaïcaine enseignant en France, j’ai présenté à ma classe du PEI des solutions et des concepts concrets en lien avec la Jamaïque. Au cours d’une unité sur la population, j’ai invité un psychologue jamaïcain spécialisé dans la santé au travail de l’Université de Nottingham, au Royaume-Uni, afin d’explorer le sujet « Comprendre les risques au sein des populations actives ». Les élèves ont enquêté sur la manière dont les politiques et les pratiques en milieu professionnel pouvaient protéger les travailleurs au quotidien et ont recensé des organisations internationales promouvant et protégeant la sécurité et la santé au travail. Ils ont aussi réfléchi à la pertinence de cette session pour leur future vie professionnelle. Cela leur a permis de définir des termes tels que « sécurité et santé », « population active », « travail », « risque », etc.

Les élèves ont été encouragés à employer des méthodes qu’ils n’auraient pas pu utiliser dans le contexte d’une salle de classe traditionnelle. Cet environnement virtuel peut donner aux plus timides une occasion de prendre les choses en main. Ils peuvent présider une conférence virtuelle ou faire office de techniciens pour les tâches informatiques réalisées dans la salle virtuelle, par exemple.

En tant qu’enseignante, cette expérience m’a énormément appris. J’ai vu des élèves qui avaient des besoins en matière d’accès et d’inclusion exceller dans ce contexte d’apprentissage virtuel. Cela m’a poussée à réfléchir à la manière dont je pouvais faire en sorte que les salles de classe virtuelles et traditionnelles soient des lieux où tous les élèves se sentent inclus et disposent d’occasions de mettre en avant leurs points forts.

Faire preuve de créativité avec les ressources

Les enseignants doivent se montrer créatifs avec les ressources lorsque les élèves étudient à la maison. Dans les cours du groupe de matières Individus et sociétés, nous nous concentrons sur différents biomes et sur le lien avec les systèmes de gouvernance pour rendre la durabilité possible. Pour explorer la durabilité, il est essentiel d’utiliser des approches ascendantes qui mettent l’accent sur des initiatives entreprises par des populations locales, dont notre communauté scolaire.

Pour traiter ce sujet, un enseignant peut expliquer aux élèves comment faire du compost, créer un bac de compostage ou un jardin vertical et adapter les instructions à une salle de classe virtuelle ou physique. Il peut ensuite organiser un atelier sur le recyclage et les comportements durables.

Nos élèves ont décidé de concevoir un jardin vertical sur le site de l’établissement et ont réalisé des recherches sur les matériaux à utiliser. Ce jardin servira d’outil pédagogique et facilitera l’apprentissage vertical, puisqu’ils sèmeront des graines avec des élèves plus jeunes dans un effort de collaboration.

Les parents constituent aussi des ressources. Ils peuvent être invités en tant que spécialistes lors de réunions virtuelles afin de discuter d’exemples concrets, ce qui permet de placer dans le contexte les problèmes à résoudre. Ils peuvent également fournir des exemples de citoyenneté mondiale. À l’approche de la Journée internationale des femmes, j’ai organisé une conférence avec des élèves et invité une mère d’élève qui occupait un poste de directrice à intervenir. Cette conférence a encouragé une recherche structurée sur les défis et les possibilités des femmes dans le monde des affaires ainsi que sur le rôle des femmes et des hommes dans la société et l’avenir des élèves après leur scolarité.

Encourager les élèves à résoudre des problèmes mondiaux

Des activités telles que les entretiens menés par les élèves peuvent les inciter à entreprendre une action mondiale. Ils peuvent par exemple installer des points de collecte pour le recyclage de divers objets comme des piles, du plastique et du verre.

Notre établissement a participé à un projet de recyclage de piles et la collecte a été soutenue par des dons monétaires. Les fonds levés ont été reversés à la recherche au profit d’enfants atteints de maladies rares. Parallèlement, le projet a facilité la fourniture d’électricité solaire pour un établissement situé en Guyane française. Grâce à cette expérience, les élèves ont vu comment ils pouvaient créer un mouvement de comportement écologique durable.

Le fait de traiter des défis mondiaux encourage les élèves à s’investir dans une cause. Par exemple, à l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, les élèves ont participé à trois défis proposés par l’UNICEF qui les invitaient notamment à réinventer le monde dans lequel ils souhaitaient vivre. Ils se sont servis des techniques d’apprentissage des ateliers animés par des pairs pour présenter leur interprétation de ces défis en classe. Ils ont ensuite présenté leur travail au président du comité Languedoc-Roussillon de l’UNICEF. Ce travail était en lien avec notre unité sur le thème « Que signifie être un citoyen du monde ? »

Cette collaboration avec l’UNICEF a également jeté les bases de la création d’un club de l’UNICEF, dans le cadre duquel les élèves peuvent participer en tant que décideurs et penseurs au dialogue mondial sur des concepts tels que l’égalité et la durabilité.

Créer des espaces propices au dialogue

J’ai créé des espaces consacrés à la santé mentale afin d’encourager les élèves à parler de leurs sentiments, en leur présentant des jeux, des vidéos et des dialogues sur le sujet. Des kits sont mis à la disposition des enseignants du monde entier, en particulier lors de la Journée mondiale de la santé mentale, célébrée le 10 octobre.

Redéfinir la salle de classe

En tant que géographe, il est facile de voir le monde sous le prisme de l’espace physique, des zones horaires et des définitions géographiques. Cependant, la pandémie a redéfini la notion de salle de classe physique. Il peut s’agir du jardin d’un élève, d’un emplacement virtuel, de l’environnement entourant l’établissement ou d’un parc national, pour ne mentionner que quelques exemples.

En mai 2020, lorsque la France s’est confinée en raison de la pandémie de COVID-19 (coronavirus), un groupe d’élèves du PEI faisait cours dans leur jardin. J’ai utilisé une journée internationale pour une unité sur la population. Je me suis pour cela servie d’un kit d’animation conçu par l’UNICEF pour UNIDAY, qui célèbre la solidarité des enfants dans le monde entier le 29 mai. Il fournissait un cadre aux enfants pour étudier l’accès à l’éducation et l’égalité de manière stimulante.

Nous avons célébré cette journée en ligne et forgé des souvenirs en apprenant, en défendant une cause et en sensibilisant. Les élèves ont développé les qualités du profil de l’apprenant de l’IB, comme le fait d’être sensés et ouverts d’esprit.

Combiner l’utilisation de la technologie et l’imagination

Les élèves peuvent utiliser des gadgets technologiques, tels que des drones, des caméras GoPro et des logiciels pour voyager de manière virtuelle et explorer des changements dans les paysages d’endroits qu’ils ont visités. Cela leur fournit un cadre pour examiner des variables du contexte mondial de l’IB comme le temps et l’espace. Ils ont élargi le champ de la recherche en utilisant les images de leur drone pour illustrer la représentation actuelle de l’espace qui est moins visible sur les cartes topographiques.

J’espère que cet article vous a donné des idées pour susciter l’apprentissage en dehors des murs des salles de classe en mettant à profit les caractéristiques uniques d’une classe mondiale vivante, composée d’une multitude d’origines et de perspectives.

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