Lorsque je suis devenu enseignant du PEI, mon approche de l’enseignement de la danse a complètement changé. Le guide d’Arts du PEI m’a fait découvrir de nouveaux éléments pédagogiques qui mettent l’accent sur la recherche menée par les élèves et l’apprentissage conceptuel, et sur la façon dont ces éléments contribuent à encourager la curiosité et l’empathie chez les élèves. Avec le début de la pandémie et de la mise en place de l’espace d’apprentissage virtuel, je me suis demandé de quelle façon mes élèves allaient pouvoir mettre efficacement en pratique ces compétences dans ce nouvel environnement d’apprentissage. Mais je ne me doutais pas de l’aventure qui nous attendait.
J’étais très enthousiaste à l’idée de relever les défis que suppose l’enseignement virtuel de la danse. Je devais désapprendre et réapprendre sans cesse, mais surtout m’adapter à tous les changements autour de moi. L’enseignement virtuel m’a poussé à mener l’apprentissage par-delà les frontières. C’est dans cette optique-là que j’ai conçu l’unité « À travers mon regard ».
Dans cette unité, mes élèves ont eu la possibilité d’explorer et d’analyser l’œuvre intitulée « Murmur » du danseur et chorégraphe britannique primé, Aakash Odedra. Ce spectacle de danse original porte sur son parcours en tant qu’enfant dyslexique et sur les épreuves auxquelles il a fait face au sein d’un système scolaire traditionnel qui le définissait selon ses difficultés d’apprentissage et non selon ses capacités. Aakash Odedra a reçu récemment la Médaille de l’Empire britannique pour sa contribution remarquable au monde de la danse. Cette unité nous a permis d’explorer l’expression personnelle et culturelle, et nos concepts clés ont créé un cadre permettant aux élèves de réinventer et de recréer « Murmur » selon leurs interprétations et leurs choix chorégraphiques.
Les recherches sur le spectacle original ont éveillé la curiosité de mes élèves quant aux pensées et aux perspectives d’un enfant dyslexique. Tout le monde a trouvé le parcours scolaire du danseur très touchant. Lors d’une deuxième activité de recherche, les élèves ont découvert un documentaire de Sky Arts dans lequel Aakash Odedra décrit les multiples mondes imaginaires qu’il possédait enfant, ce qui a davantage éveillé leur curiosité.
Lors de leurs discussions virtuelles ouvertes, les élèves ont partagé leur compréhension de la dyslexie en donnant des exemples de personnes célèbres qui étaient dyslexiques, comme Richard Branson ou Albert Einstein, qui, selon la rumeur, présentait des difficultés d’écriture. De fil en aiguille, la classe est parvenue à l’idée de « rêves ». À partir d’une question posée par l’une des élèves : « Quelles sont les émotions qu’un enfant dyslexique éprouve dans ses rêves ? », la discussion a évolué vers les types d’émotions que nous éprouvons dans nos rêves. Ridhima Jindal, une autre élève, a contribué en partageant ses connaissances préalables sur les Navrasas (les neuf émotions humaines citées dans l’ancien texte indien, le Nâtya-shâstra).
La semaine d’après, les élèves avaient une esquisse de leur prestation finale. L’ensemble de la classe a décidé d’intituler cette nouvelle œuvre « Rêveries », une exploration des neuf émotions humaines partant du rêve d’un enfant. Les chorégraphes et le dramaturge ont travaillé à la réalisation de la version finale du film avec les responsables du montage.
Mais il leur fallait avant tout définir quels seraient les domaines clés pendant la création de la nouvelle œuvre. Les élèves ont utilisé une stratégie de pensée visible qui consistait à « ajouter, changer, garder, rejeter » afin d’analyser le spectacle original et de formuler leurs décisions concernant les changements par rapport au contexte original.
En se répartissant les différents rôles pour la chorégraphie, la danse, la mise en scène, la direction des répétitions, le montage vidéo et la création des costumes, les élèves ont pu exprimer leurs opinions et leurs choix. Nous avons défini les tâches, et l’élève qui s’occupait de diriger les répétitions a suivi et documenté le processus, qui s’est déroulé en douceur, grâce à l’utilisation de salles de répartition et de réunions en groupe virtuelles.
Pendant le processus de création, les élèves ont développé de l’empathie envers les élèves dyslexiques du monde entier. La collaboration et la rétroaction des pairs ont permis de réunir de plus amples informations sur la réussite de bon nombre d’élèves dyslexiques dans le domaine de la création, des sciences et de l’entreprise.
Une réflexion a également été menée sur la façon dont le système éducatif traditionnel exclut les élèves dyslexiques et sur l’inclusion dont le système éducatif de l’IB fait preuve à leur égard. Les élèves souhaitaient que leur travail reflète leur sentiment par rapport à la dyslexie, mais à travers une histoire différente.
Le processus d’apprentissage m’a inspiré du début à la fin en tant que facilitateur : j’ai pu voir mes élèves montrer de vraies aptitudes du profil de la communauté d’apprentissage. Je voulais que leur travail traverse les frontières, et pour ce faire, notre classe s’est mise en contact avec Aakash Odedra et lui a envoyé notre film. À ma grande surprise, il a répondu à mes élèves à travers un message vidéo.
« L’effort, l’amour et l’innocence dont ces élèves font preuve sont d’une pureté qui les fait briller comme de vraies petites étoiles. J’ai tellement souri, c’est incroyable ! Je pense même que j’ai plus apprécié cette version que l’originale ! », a commenté Aakash Odedra.
La pédagogie des Arts du PEI me surprend et m’inspire encore et toujours. Elle pose les bases d’une compréhension conceptuelle solide que les élèves peuvent mettre en application et utiliser même dans un contexte d’adversité, comme une pandémie. Ces jeunes élèves de l’IB ont démontré que les qualités acquises tout au long du programme leur procurent la force nécessaire pour évoluer dans un monde en constante évolution et riche en défis. L’histoire de ces élèves d’Inde qui ont contacté un célèbre artiste britannique pendant la pandémie constituera sûrement une grande source d’inspiration pour les nouvelles générations d’élèves à venir.
Vaishak M Raj est un professionnel de l’éducation qui enseigne dans le continuum des programmes de l’IB. Il travaille dans le département des arts d’interprétation de la DPS International School Gurgaon, située en Inde, où il encourage les élèves du PEI et du PP à développer leur expression et leurs choix artistiques. Il est également conseiller du programme CAS du Programme du diplôme. Il a été directeur de la création du projet « Imperfect Circle » du British Council et a obtenu de nombreuses bourses et subventions pour ses précieuses contributions au domaine de la danse.