Cette année, l’IB a publié sa déclaration sur la diversité, l’équité et l’inclusion afin de renouveler et de renforcer son attachement à un certain nombre de valeurs. L’IB propose des emplois dans le monde entier. Cette organisation éducative mondiale d’une portée considérable est responsable de la formation de la communauté d’apprentissage de demain. À ce titre, elle s’efforce de fournir des directives sur la mise en place de pratiques pour lutter contre le racisme, les partis pris implicites et les discriminations en tout genre en proposant un système éducatif inclusif à ses élèves et à sa communauté.
Dans le cadre de nos efforts dans ce domaine, nous avons mis sur pied un groupe de travail sur la lutte contre la discrimination dans les écoles internationales avec l’Association of International Educators and Leaders of Color (AIELOC), l’International School of Geneva (ECOLINT) et The Educational Collaborative for International Schools (ECIS).
L’inauguration du groupe de travail a eu lieu les 14 et 15 octobre 2022 à l’ECOLINT, à Genève, où les membres de la direction d’établissements scolaires et les spécialistes de l’éducation qui s’intéressent aux questions de diversité, d’équité, d’inclusion et de justice ont démarré leur collaboration en vue d’apporter des changements systémiques. Une centaine de spécialistes de l’éducation provenant de 25 pays ont mis le cap vers Genève pour se rencontrer, constituant ainsi une délégation d’écoles internationales d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Afrique.
Lors de cet événement, l’IB était représenté par Olli-Pekka Heinonen, directeur général, Michèle Rice, responsable en chef de la diversité, de l’équité et de l’inclusion et Fidelis Nthenge, responsable en chef du service des écoles du monde de l’IB. À leur retour de cette rencontre, ces trois personnes nous ont accordé un entretien pour nous raconter cet événement et nous faire part des discussions passionnantes qui y ont eu lieu.
Qu’est-ce qui a amené l’IB à s’impliquer dans le groupe de travail sur la lutte contre la discrimination dans les écoles internationales ?
Michèle Rice : La directrice de l’ECIS, Kam Chohan, a invité l’IB, l’ECOLINT et l’AIELOC à devenir membres fondateurs d’un groupe de travail sur la lutte contre la discrimination dans les écoles internationales. Fidelis Nthenge et moi-même avons eu l’honneur d’être nommées par le directeur général, Olli-Pekka Heinonen, pour rejoindre le comité de planification du groupe de travail.
Pouvez-vous nous décrire le sentiment qui régnait lors de l’inauguration du groupe de travail ?
Fidelis Nthenge : L’objectif initial du groupe de travail est de soutenir et de rapprocher les membres de la direction qui ont reçu pour rôle de conduire les initiatives sur la diversité, l’équité et l’inclusion à l’échelle de leur établissement scolaire. Il s’agit de construire un environnement permettant à chaque personne de s’épanouir pleinement en favorisant des pratiques qui éliminent le racisme, les partis pris implicites et les discriminations en tout genre dans le cadre scolaire. Lors de l’inauguration, les émotions reflétaient cet objectif initial. Il y avait beaucoup d’énergie et d’enthousiasme autour du projet.
Michèle Rice : Des personnes représentant chaque organisation fondatrice ont effectué des présentations sur différents aspects de la diversité, de l’équité et de l’inclusion. Avec Fidelis, nous avons parlé des lancés par l’IB, et du travail que nous menons pour honorer cet engagement. J’ai fait part à notre auditoire de mon étude des pratiques actuelles de l’IB et des écoles du monde de l’IB autour des questions de diversité, d’équité et d’inclusion. J’ai partagé mes constats et mes recommandations sur la manière de consolider le travail déjà accompli.
J’ai également abordé les domaines prioritaires qui ont été mentionnés lors des séances d’écoute que j’ai menées jusqu’à présent auprès des équipes enseignantes, des équipes de direction, des élèves et des anciennes cohortes d’élèves des écoles du monde de l’IB. Parmi ces domaines, je peux citer la formation accrue à la diversité, à l’équité et à l’inclusion pour les équipes enseignantes ainsi que les membres de la direction et le personnel des établissements grâce au réseau de collaboration de l’IB (IBEN), aux ressources pédagogiques fournies par l’IB et au développement des programmes. Il est aussi ressorti de cette étude le besoin d’améliorer l’accès aux programmes et de consolider les politiques sur l’équité afin de soutenir les membres du personnel provenant de minorités ainsi que les élèves en situation précaire de différentes régions du monde. Nous devons également examiner la question du rapport entre éducation privée et éducation internationale. L’idée que ces programmes ne concernent qu’un certain type d’élèves et qu’ils sont élitistes par nature doit impérativement être abordée. Par ailleurs, nous devons considérer la manière dont l’IB et les écoles du monde de l’IB s’impliquent dans les communautés locales sur les questions de diversité, d’équité et d’inclusion. Enfin, il est essentiel d’envisager comment nous pouvons intégrer davantage la parole de nos élèves dans ce que nous entreprenons.
Lors de l’inauguration, nous avons pu assister aux présentations des autres organisations fondatrices et écouter d’autres personnes prendre la parole.
- Kam Chohan, directrice de l’ECIS, a raconté son expérience de petite fille ayant grandi au Royaume-Uni dans une famille immigrée, et a évoqué les discriminations très fortes rencontrées par sa communauté.
- David Hawley, directeur général de l’ECOLINT, a évoqué avec franchise comment son établissement a connu des problèmes de racisme. Il a fait part de la volonté de l’établissement de résoudre ces problèmes grâce à un vrai travail sur la diversité, en particulier en matière de recrutement.
- Yasmine Sadri, responsable de la diversité, de l’équité et de l’inclusion à l’ECOLINT et membre de l’AEILOC, a évoqué le travail au long cours qu’il est indispensable de mener afin de combattre des systèmes qui oppriment les femmes, les personnes de couleur, les minorités et les groupes marginalisés au sein des établissements.
- Kevin Simpson, directeur de l’AEILOC, a présenté plusieurs études et initiatives sur lesquelles travaille l’association. Il a affirmé que le fait de mener des conversations courageuses implique nécessairement de se placer en position d’inconfort.
- Cynthia Roberson et John Wray, de la Mulgrave School à Vancouver, un établissement proposant le continuum des programmes de l’IB, ont fait part de leur travail impressionnant pour parvenir à la diversité, l’équité, l’inclusion et la justice dans leur établissement (article en anglais).
- Anna Clara Reynolds et Xoài David, de l’organisation pour la décolonisation des écoles internationales (Organization to Decolonize International Schools, ODIS), ont posé des questions essentielles telles que « Pourquoi nous a-t-il fallu autant désapprendre ? ». Ces deux anciennes élèves de l’IB, dont la présence incarnait la parole des élèves de l’IB dans leur globalité, ont réitéré le fait qu’une plus grande inclusion dans les écoles internationales constituait un devoir moral.
En quoi les efforts du groupe de travail vont-ils influencer l’éducation de l’IB ?
Michèle Rice : Nos programmes de l’IB sont au service des élèves, des équipes enseignantes et des communautés scolaires. Dans le contexte scolaire, le corps enseignant a un rôle immense à jouer pour aider les élèves à développer leur sentiment d’appartenance au sein de la salle de classe. Ce sentiment d’appartenance dépend de la manière dont l’équipe enseignante et les élèves valorisent, respectent et acceptent les autres élèves, indépendamment de leur ethnicité, de leur race, de leur genre, de leur religion, de leur orientation sexuelle et d’autres vecteurs de diversité et d’identité. Le sentiment d’appartenance représente un socle grâce auquel les élèves vont pouvoir donner le meilleur de leur personne et devenir autoefficaces, c’est-à-dire capables d’atteindre les buts qu’elles et ils se fixent sur le plan scolaire, puis, plus tard sur le plan professionnel. De la même manière que le sentiment d’appartenance en classe et à l’école mène à des résultats équitables pour les élèves au niveau scolaire puis universitaire et professionnel, le sentiment d’appartenance sur le lieu de travail permet de garder le personnel, d’assurer le bien-être au travail et de garantir une satisfaction professionnelle pour les équipes enseignantes, la direction et le personnel de l’établissement.
Les ateliers du groupe de travail comprenaient des sessions de remue-méninges autour de six grands domaines.
- Gouvernance
- Pratiques de direction
- Accréditation
- Recrutement
- Programme d’études
- Agentivité des élèves et du personnel
Lors de ces séances, les groupes ont collaboré autour du contexte actuel de leur établissement en matière de diversité, d’équité et d’inclusion. Ils ont ensuite déterminé ce qui pouvait être fait pour améliorer les principaux axes de développement des politiques et initiatives sur la diversité, l’équité et l’inclusion dans ces six domaines.
Quelles seront les prochaines étapes pour l’IB et le groupe de travail ?
Fidelis Nthenge : Nous sommes en train de regrouper les grandes lignes des recommandations, les domaines principaux auxquels nous devons nous intéresser à court et long termes, ainsi que les prochaines étapes concernant les six séances de remue-méninges. Un bilan sera transmis aux équipes de direction générale des organisations fondatrices afin de déterminer les prochaines étapes pour poursuivre le travail démarré lors de l’inauguration du groupe de travail sur la lutte contre la discrimination dans les écoles internationales. L’objectif global est de communiquer les recommandations aux établissements scolaires pour leur donner les moyens d’opérer des transformations dans les domaines de l’antiracisme, de la discrimination, de la diversité, de l’équité et de l’inclusion.
Pour en savoir plus sur le groupe de travail sur la lutte contre la discrimination dans les écoles internationales, veuillez consulter le site https://www.ecis.org/taskforce (en anglais).