En février 2020, lors du Festival africain de l’éducation de l’IB à Johannesburg, l’un des conférenciers principaux a fait une forte impression sur le personnel de l’IB.
Il s’agit de Wandile Mthiyane, architecte, fondateur et directeur d’Ubuntu Design Group, à l’occasion de son discours intitulé « Places Reveal our Purpose » (les lieux révèlent notre raison d’être). Après avoir parlé de son éducation dans les townships d’Afrique du Sud et décrit l’influence qu’elle avait eue sur sa vie, il s’est dit convaincu que les architectes sont responsables du développement des communautés.
L’intervention de M. Mthiyane a particulièrement marqué Rémy Lamon, responsable confirmé du service des écoles du monde de l’IB, et tous deux ont gardé contact depuis. L’IB développe son approche en matière de diversité, d’équité et d’inclusion, et c’est dans ce contexte qu’ils ont discuté sur les meilleurs moyens de travailler avec les établissements scolaires qui proposent les programmes de l’IB.
Mthiyane a créé le cabinet de conseil Anti-Racist Hot Dog, qui se donne pour mission de sensibiliser à l’équité de manière plus ludique et efficace. Cette philosophie a trouvé écho auprès de l’ancien président des États-Unis Barack Obama. Le travail de M. Mthiyane a attiré son attention, et il lui a apporté son soutien par l’intermédiaire de la Fondation Obama.
Nous avons discuté avec Wandile Mthiyane et Rémy Lamon de la diversité, de l’équité et de l’inclusion, et de la façon d’envisager l’architecture et l’éducation sous l’angle de la construction d’une communauté.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Rémy Lamon : J’ai rencontré Wandile en 2020, au Festival africain de l’éducation de l’IB. Son intervention m’a fait une forte impression. Il a grandi dans des townships en Afrique du Sud. Cela signifie qu’en tant qu’architecte, sa vision était de construire des communautés au lieu de construire des bâtiments. Cela m’a fait penser à mon propre rôle de responsable au sein du service des écoles du monde de l’IB. Je dois adapter mon service au contexte de chaque établissement scolaire. Les besoins de chaque personne, de chaque établissement doivent être pris en compte. Cela exige d’être à l’écoute en faisant preuve de modestie, au lieu d’affirmer que l’on sait ce qui fonctionnera pour les autres.
Quelle inspiration a motivé votre carrière ?
Wandile Mthiyane : J’ai grandi dans des logements informels, j’ai vécu dans des townships et d’autres zones façonnées par l’apartheid en Afrique du Sud. En grandissant dans ces endroits, j’ai vite compris que l’absence de logements décents était à l’origine des nombreux problèmes qui s’y posaient. Par exemple, sans adresse postale, impossible de postuler à un emploi. Les enfants ne peuvent s’installer nulle part pour faire leurs devoirs. La moisissure sur les murs provoque de l’asthme. L’absence de logement décent met en péril l’emploi, l’éducation et la santé, et un cercle vicieux de la pauvreté s’instaure. En grandissant, j’ai voulu changer cela.
Quel rôle a joué l’éducation dans l’atteinte de ces objectifs ?
Wandile Mthiyane : Quand j’étais petit, j’allais dans une école où il y avait principalement des Blancs. Le personnel enseignant me disait, à moi et d’autres élèves de ma communauté, que nous n’arriverions jamais à rien. Et j’y ai cru, jusqu’à ce que ma famille rejoigne une paroisse qui proposait l’école du dimanche où le personnel enseignant croyait en moi et où les membres de la congrégation exerçaient des professions prestigieuses dans la médecine ou le droit.
Ces représentations positives m’ont inspiré. Pour le deuxième cycle du secondaire, j’ai pu intégrer un établissement privé et approfondir mes connaissances. J’ai compris que je pouvais revenir en arrière et transformer ma communauté qui avait subi l’influence négative de l’apartheid.
Quelles ont été les étapes suivantes ?
Wandile Mthiyane : J’ai commencé par rassembler environ 10 000 dollars pour partir étudier aux États-Unis. Cela couvrait tout juste le premier semestre. Mais j’ai travaillé dur, et j’ai reçu une bourse d’études complète qui m’a permis de continuer et d’obtenir mon diplôme de deuxième cycle. Grâce à cet acte de foi, j’ai pu étudier l’architecture. Par la suite, j’ai fondé Ubuntu Design Group.
Quelle inspiration les établissements scolaires peuvent-ils retirer de leur propre parcours vers la diversité, l’équité et l’inclusion ?
Wandile Mthiyane : « J’ai l’impression que toute ma vie a été centrée sur cette quête d’un foyer, d’appartenance et de communauté. Après mon diplôme universitaire de deuxième cycle en architecture, j’ai compris qu’un foyer, ce n’est pas seulement un espace physique, c’est aussi les personnes qui y vivent. Les enseignantes et les enseignants de l’école du dimanche qui ont cru en moi m’ont donné ce sentiment de foyer et d’appartenance, qui est devenu le point d’ancrage de tout mon parcours scolaire. »
Rémy Lamon : Je suis avec un grand intérêt le dernier projet de Wandile : Anti-Racist Hot Dog. Il reflète ce que nous faisons actuellement à l’IB en matière de représentation et de mise en contexte, par établissement scolaire, par élève, par enseignant et par enseignante. Nous pouvons tous et toutes faire des progrès en matière de diversité, d’équité et d’inclusion et apprendre à accepter et à apprécier nos différences.
Wandile Mthiyane : J’ai lancé Anti-Racist Hot Dog après qu’un restaurant raciste m’a mis à la porte. À la suite de cet épisode, j’ai eu l’idée d’ouvrir un petit restaurant éphémère appelé Anti-Racist Hot Dog juste au-dessus du restaurant raciste. Nous avons organisé des fêtes avec des hot-dogs, de la house music, des discussions sur les questions de « race ». Des personnes de différentes origines ethniques, de différents groupes et de différentes tranches d’âge ont afflué. Le président Obama a parlé de nous sur Twitter, et cela a lancé un véritable mouvement. À partir de là, nous avons réfléchi.
- Où passons-nous la plupart de notre temps ? À l’école ou au travail.
- Comment transformer cette méthode pour faire une différence dans ces lieux ? Nous avons créé notre cabinet de conseil en diversité, équité et inclusion. Aujourd’hui, nous travaillons avec des établissements scolaires et des entreprises pour transformer leurs pratiques dans ce domaine.
Nous utilisons la nourriture, quelque chose qui rassemble tout le monde, et la house music pour diffuser notre message. Puisque le racisme est nuisible, et puisqu’il touche nos écoles et nos lieux de travail, la sensibilisation à l’antiracisme doit être ludique, surtout pas ennuyeuse. Apprendre en s’amusant, c’est plus efficace !
Wandile Mthiyane is an Obama Leader, lecturer, TEDx Fellow, Resolution Fellow, dynamic speaker, social entrepreneur, and the founder of Ubuntu Design Group (UDG), an architectural and micro-finance organization that focuses on social-impact design projects in housing and urban design. Wandile studied his BSA and M.Arch at Andrews University in Michigan. He founded the Anti-Racist Hot Dog, which helps companies and institutions curate, nurture, and measure inclusivity through Anti-Racist Hot Dog Parties.
After a career as a Middle Years Programme and Diploma Programme teacher in various countries (China, Switzerland, United Kingdom), as well as a member of school leadership teams and as an author of educational books, Rémy has been working since 2018 as IB World Schools Senior Manager. This department was established in 2017 to support authorized schools in delivering quality education. The two main roles of the department are to be the voice of schools within the IB to advocate for their needs and to evaluate schools in a supportive manner to create opportunities for each school to grow. Rémy is there to support schools in their development and implementation of their IB programmes.