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Vue sur l’apprentissage dans une salle de classe

Newland College

Newland College

Votre salle de classe encourage-t-elle la créativité, ou au contraire, l’étouffe-t-elle ? Le magazine IB World enquête sur l’influence que l’environnement des élèves peut avoir sur leur apprentissage.

La conception d’une salle de classe ne se limite pas à avoir des murs colorés, à ranger des bureaux ou à choisir des beaux meubles. Une étude de l’Université de Stanford portant sur plus de 3 000 élèves révèle qu’une « salle de classe bien conçue » a un impact considérable sur l’apprentissage. Cet impact serait plus important pour les élèves du PP et du PEI, même si les bienfaits d’une bonne conception s’appliquent aux élèves de tout âge.

Outre un bon éclairage, la qualité de l’air, la température et le son, les chercheurs ont découvert qu’un espace extérieur peut stimuler tout un éventail de domaines de développement différents : en plus d’encourager des compétences sociales telles que l’empathie, il peut avoir un effet positif sur le développement cognitif et physique.

La contribution des élèves est également importante. L’étude a identifié le sentiment d’appropriation comme étant l’un des trois facteurs les plus déterminants lors de la conception de la salle de classe. En effet, en permettant aux élèves de s’approprier la salle de classe, par exemple en affichant leurs travaux, cela peut entraîner une plus grande participation et implication dans le processus d’apprentissage.

Selon cette même étude, des environnements colorés ont des effets positifs sur l’apprentissage et le bien-être, tandis que des environnements neutres ne stimulent pas suffisamment les élèves, allant jusqu’à provoquer une certaine agitation et des difficultés de concentration. L’emploi abusif de couleurs vives, toutefois, peut avoir un impact négatif sur l’apprentissage. Il est donc important de parvenir à un équilibre en matière de complexité visuelle.

Fini les rangées de bureaux !

Prairie Waters Elementary School

Prairie Waters Elementary School

Adam Turner enseigne le PP à la Prairie Waters Elementary School. Il y a trois ans, il a participé à une conférence de perfectionnement professionnel au Canada qui l’a inspiré à transformer sa salle de classe. Fini les rangées de bureaux, ses élèves sont désormais assis autour de grandes tables, ou sur des coussins et deux chaises confortables, en fonction des discussions. « Nos discussions sont bien plus enrichissantes », a déclaré M. Turner. « Les élèves passent moins de temps assis à leur bureau. »

Ben Toettcher, quant à lui, dirige l’entreprise pédagogique Skola Group. Il s’est inspiré de la méthode Harkness, qui consiste à utiliser des tables rondes, pour concevoir les salles de classe du Newland College, au Royaume-Uni. Les bureaux sont aménagés en ellipse (forme ovale). Chaque bureau est prévu pour 14 élèves du PEI et dispose d’une console en son centre, à l’image d’une salle de conférence. Les enseignants peuvent alterner entre des instructions directes, qu’ils donneront à l’aide de la console, et des discussions avec la classe entière.

Prairie Waters Elementary School 1optmized« De façon générale, les élèves nous ont confié se sentir entendus », a déclaré M. Toettcher. « Depuis l’ouverture des portes de l’établissement début septembre de l’année dernière, certains élèves ont visiblement pris de l’assurance. Les parents sont particulièrement satisfaits de cette configuration, qui empêche leurs enfants de se sentir perdus et de s’isoler. »

Les élèves aux commandes

Harnoop Bhogal, coordonnateur du PP, et Olivia Shilvock, enseignante du PP, travaillent tous deux à l’International School of Siena, en Italie. Ils ont demandé à leurs élèves de 5e année de reconcevoir leur salle de classe à l’occasion d’une unité sur l’identité et les styles d’apprentissage.

Afin de déterminer la façon dont ils apprennent le mieux dans le cadre de différentes activités, la classe a été divisée en plusieurs espaces, notamment un espace consacré à la lumière du jour, un espace de détente avec des places assises et des blocs-notes, un espace d’affichage personnel où les élèves peuvent ajouter des objets tout au long de l’unité, un poste de musique avec des écouteurs et un espace dédié aux mathématiques, utilisé parfois pour les sciences.

« Les élèves ont approché ce nouvel espace de façon très raisonnable », a indiqué Mme Shilvock. « Au début je pensais qu’ils allaient tous se battre pour les coussins ou les écouteurs mais ils ont déjà commencé à développer des préférences et nous font part de leurs suggestions. Certains se sont directement rendus dans l’espace consacré aux mathématiques pour ‘‘jouer’’ avec les éléments qui s’y trouvent, d’autres ont immédiatement jeté leur dévolu sur l’espace consacré à la lumière du jour qu’ils ont adoré, et d’autres encore se sont dirigés vers la musique. J’ai beaucoup aimé leur réaction. »

Une attention particulière doit toutefois être portée à la manière dont certains objets sont exposés. En effet, une étude menée par l’Université de Washington a démontré que des objets symboliques peuvent renforcer les stéréotypes de genre et provoquer des difficultés en matière de diversité et d’inclusion. Par exemple, les chercheurs ont suggéré qu’afficher ostensiblement des photos des anciens présidents américains, des hommes blancs ou noirs sans exception, représentait un stéréotype négatif pour les femmes et les minorités.

Résistance au changement

Le changement, bien qu’excitant, n’est pas toujours aisé.

« Il y a une période d’adaptation au début de chaque année scolaire », a déclaré M. Turner. « Le fait de ne pas avoir d’espace de rangement personnel ou la même place chaque jour perturbe de nombreux nouveaux élèves ».

Toutefois, au fur et à mesure qu’ils s’habituent à leur environnement, les élèves commencent à s’interroger sur la façon dont ils apprennent le mieux. « La plupart des élèves développent une meilleure compréhension du moment le plus opportun pour s’assoir en groupe et travailler ou, au contraire, s’isoler et travailler seul », a poursuivi M. Turner. « Nous réfléchissons aux matières et aux moments d’apprentissage qui se prêtent le mieux à former de grands groupes autour d’une table et à ceux qui sont plus adaptés à un travail individuel ».

Selon l’étude de l’Université de Salford, la flexibilité doit être un paramètre clé de la conception au sein des structures scolaires. Elle révèle également que les salles de classe munies d’espaces propices à l’évasion auraient une influence positive sur l’apprentissage. Toutefois, les espaces isolés, situés en dehors de la salle de classe, se sont révélés inefficaces.

Turner organise sa salle de classe en fonction de chaque leçon. « Les grandes tables permettent aux élèves de travailler en groupe tout en disposant de beaucoup d’espace et offrent de bonnes possibilités d’aménagement pour le partage du travail. Si nous avons besoin d’un grand espace pour les discussions en classe et les activités, les tables sont faciles à déplacer », a-t-il expliqué.

« Récemment, lorsque les élèves ont partagé leurs évaluations de milieu d’unité, nous avons disposé les tables en cercle, avec les présentateurs au centre et les observateurs à l’extérieur. »

Les enseignants n’ont plus le sentiment d’être confinés à une salle de classe universelle. Pour nombre d’entre eux, les rangées traditionnelles de bureaux faisant face au tableau ne sont plus adaptées. En plus de favoriser la créativité, des sièges confortables sur un tapis colorés peuvent être le début d’un mode de travail davantage axé sur la collaboration.

Racontez-nous comment vous avez changé votre salle de classe et l’impact que ce changement a eu sur l’apprentissage de vos élèves : écrivez-nous à l’adresse editor@ibo.org.