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Donnons la chance aux femmes de s’illustrer en sciences et en mathématiques

Pour célébrer la première Journée internationale des femmes et des filles de science qui aura lieu tous les ans, Eva Manova, ancienne élève du Programme du diplôme de l’IB, nous en dit davantage sur cette incroyable occasion d’encourager les jeunes femmes à s’illustrer en sciences et en mathématiques.

Par Eva Manova

Eva Manova, ancienne élève de l’IB, est titulaire d’un diplôme de deuxième cycle en chimie de l’Université d’Édimbourg et d’un doctorat en chimie de l’École polytechnique fédérale de Zurich.

Eva Manova, ancienne élève de l’IB, est titulaire d’un diplôme de deuxième cycle en chimie de l’Université d’Édimbourg et d’un doctorat en chimie de l’École polytechnique fédérale de Zurich.

Au deuxième cycle secondaire, moins de femmes que d’hommes étudient les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques. Ce déséquilibre s’observe également dans les établissements qui proposent le Programme du diplôme de l’IB. Pourquoi les femmes sont-elles moins présentes dans ces domaines ? La raison ne vient pas d’un manque d’aptitudes, mais plutôt du fait qu’elles ne bénéficient pas des mêmes possibilités que leurs homologues masculins en la matière.

Une étude récente publiée par Bergeron et Gordon (2015) (disponible en anglais uniquement) a examiné les inscriptions et les résultats dans ces matières au niveau supérieur (NS) pour les élèves du Programme du diplôme qui ont passé des examens de l’IB entre 2005 et 2010. En dépit du fait que les filles obtiennent d’aussi bons résultats que les garçons, l’étude a montré qu’elles s’inscrivaient bien moins fréquemment dans des cours de sciences, de technologie, d’ingénierie et de mathématiques au NS. Comme on pouvait s’y attendre, la plus grande différence au niveau des taux d’inscription a été observée en informatique, en physique et en mathématiques. Bien que je sois moi-même spécialisée en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, je dois admettre que ces domaines dominés par les hommes ne me sont jamais apparus comme une option. Mon attitude a été façonnée par une conception stéréotypée des rôles selon les sexes et par le manque d’informations disponibles : je ne peux me rappeler un seul événement ni une seule journée d’orientation durant lesquels une femme s’est exprimée avec enthousiasme à propos de ces domaines, les rendant plus attrayants pour moi sur le plan professionnel.

Lorsque j’ai abordé ce problème avec mes amies et mes collègues femmes spécialisées comme moi en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, Maria Gabrani du laboratoire de recherche IBM de Zurich m’a expliqué sa vision du problème de la façon suivante : selon elle, dès leur jeune âge, les filles ne sont pas encouragées à voir ces matières comme divertissantes et intéressantes. Plus tard, et possiblement en conséquence de ce manque d’encouragement, les femmes tendent à choisir des professions qui ont une influence positive sur la société au lieu de bricoler, de se divertir et de construire des « trucs vraiment géniaux ». Par exemple, les femmes sont davantage représentées dans l’ingénierie biomédicale, un domaine de nature plus médicale et ayant une influence plus directe sur la société, que dans l’ingénierie informatique. Cela m’amène à penser qu’il est important de comprendre que toutes les matières des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques jouent un rôle central dans la résolution des problèmes de la société. De plus, au vue du recoupement des domaines de recherche au sein des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, il est de plus en plus important de développer des connaissances dans plusieurs de ces matières. Par exemple, en chimie ou en biologie, la simulation sur ordinateur joue un rôle déterminant pour nous aider à comprendre des systèmes difficiles ou impossibles à étudier expérimentalement.

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Je regrette que personne ne m’ait encouragée à apprendre la programmation au deuxième cycle secondaire. Je me rends compte aujourd’hui à quel point il aurait été utile que je développe ces compétences plus tôt. Toutefois, mis à part le manque d’encouragement de l’extérieur, je reconnais que j’étais aussi responsable. Lorsque je repense à l’élève que j’étais, je me rends compte que j’accordais une bien plus grande importance au fait d’obtenir de bonnes notes qu’au processus d’apprentissage. Je comprends que les notes jouent un rôle déterminant lors des évaluations des admissions à l’université, mais je me demande aujourd’hui si je n’aurais pas pu utiliser mon temps plus efficacement. Le programme créativité, activité, service (CAS) est une composante obligatoire du tronc commun du Programme du diplôme, mais n’est pas noté. Les projets CAS doivent comprendre des activités ayant un but précis, produisant des résultats notables au service de la communauté locale. J’aurais dû considérer le programme CAS comme une occasion d’utiliser les ressources disponibles pour développer mes compétences et explorer mes intérêts pour les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques. Au lieu de cela, je me suis juste assurée de satisfaire à l’ensemble des exigences du programme. Je ne me demandais pas vraiment si mon temps et mes efforts étaient réellement mis à profit. J’ai compris bien plus tard l’étendue des compétences que j’aurais pu développer et qui m’auraient été utiles en classe (et au-delà), sans parler du fait qu’elles m’auraient indéniablement servi à obtenir de bonnes notes au final.

J’ai terminé le Programme du diplôme il y a dix ans. Si l’on se penche sur les changements survenus au cours de ces dix années au chapitre de l’éducation en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, j’ai plaisir à constater que le nombre d’initiatives visant à susciter l’intérêt des filles dans ces domaines au moyen d’activités ludiques et pratiques est à la hausse. Il y a également davantage de modèles féminins très connus. L’une des clés de la réussite est de mettre davantage en lumière les options disponibles, notamment par l’intermédiaire du programme CAS pour les élèves du Programme du diplôme. Dans un environnement détendu, il est plus facile pour les filles de trouver ce pour quoi elles sont naturellement douées. Le fait de se découvrir un nouveau talent peut complètement changer leur trajectoire professionnelle. Toutefois, je n’entends pas par-là que tout le monde se passionnera pour les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques. Personne ne doit être forcé à développer un tel intérêt, encore moins pour des raisons d’inégalité entre les sexes. Cependant, je suis convaincue qu’il est utile à toute personne de développer une meilleure compréhension de l’influence que ces domaines ont sur nous tous dans notre vie quotidienne et d’acquérir des compétences technologiques fondamentales dans notre monde hyperconnecté et fondé sur la technologie. Cela nous permet non seulement d’élargir nos compétences professionnelles, mais également de faire progresser notre développement personnel. De plus, la capacité à constamment élargir et à diversifier nos compétences peut nous ouvrir de nombreuses portes, y compris des portes jusque-là inconnues.

Références et lectures complémentaires :

BERGERON, L. et GORDON, M. « Establishing a STEM Pipeline: Trends in Male and Female Enrollment and Performance in Higher Level Secondary STEM Courses. » International Journal of Science and Mathematics Education (2015) : 1-18.


La passion d’Eva Manova est de transmettre son amour pour les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques. Après avoir obtenu son diplôme de l’IB en 2006 à la Prague British School, elle a obtenu un diplôme de deuxième cycle en chimie de l’Université d’Édimbourg et un doctorat en chimie de l’École polytechnique fédérale de Zurich. Elle travaille actuellement dans l’industrie pharmaceutique. Pendant son temps libre, elle aime lire, puis avoir des discussions passionnantes avec les membres de son club de lecture. Elle aime également skier, pratiquer le Pilates et inventer des boissons fouettées.

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