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L’état d’esprit tourné vers le développement en action

Une enseignante du PP au Danemark a créé une unité entière sur le concept de l’état d’esprit tourné vers le développement. Elle a raconté au magazine IB World les changements qu’elle a constatés à la suite de l’enseignement de cette unité.

La plupart des enseignants de l’IB ont entendu parler du concept de l’état d’esprit tourné vers le développement, mais combien le mettent réellement en action dans leur salle de classe ?

L’état d’esprit tourné vers le développement se rapporte aux croyances sous-jacentes des personnes à propos de l’apprentissage et de l’intelligence. Selon l’auteure Carol Dweck, les élèves qui ont un état esprit tourné vers le développement sont convaincus qu’ils peuvent développer leurs compétences de base en travaillant dur, en persévérant et en se consacrant pleinement à leur apprentissage : ils se sentent encouragés à prendre des risques et à ne pas se laisser impressionner par l’échec, qu’ils considèrent plutôt comme un outil nécessaire pour réussir.

À l’inverse, les élèves dotés d’un état d’esprit figé croient que des qualités comme l’intelligence et le talent sont des dons innés et sont peu susceptibles de les développer. Ils évitent les difficultés dans le but d’éviter l’échec.

Les pratiques des enseignants ont une influence majeure sur l’état d’esprit des élèves : en d’autres termes, il est très important qu’un enseignant félicite un élève pour ce qu’il a remarqué au sujet de son apprentissage et de ses aptitudes plutôt que de le féliciter pour son intelligence. Ainsi que l’a découvert Mihaela Morello, enseignante du PP à l’Esbjerg International School, au Danemark, les commentaires formulés par les enseignants peuvent encourager les enfants à relever des défis comme les pousser à se tourner vers la facilité.

L’année dernière, Mme Morello a créé une unité fondée sur l’état d’esprit tourné vers le développement qui a transformé l’apprentissage de ses élèves. Elle a raconté son expérience au magazine IB World.

« Au fil des années, j’ai observé la façon dont je communiquais aux élèves mon enthousiasme pour les mathématiques. Cependant, en lisant des articles sur la façon de favoriser un état d’esprit tourné vers le développement, j’ai appris qu’il était parfois nécessaire d’enseigner ces attitudes et ces compétences de façon explicite.

J’ai découvert le site Web de Mme Jo Boaler, Youcubed (en anglais uniquement), dans lequel elle explique comment favoriser un état d’esprit tourné vers le développement en mathématiques. Ses recherches démontrent en quoi l’acquisition d’un tel état d’esprit peut améliorer l’apprentissage des élèves.

Mme Boaler m’a amenée à me renseigner sur le travail de Carol Dweck. J’ai décidé que le fait de présenter à mes élèves les recherches sur l’acquisition d’un état d’esprit tourné vers le développement pourrait leur permettre de développer des attitudes qui leur seraient utiles tout au long de leur vie, pendant leur scolarité et leur carrière professionnelle.

Dès le début, la scolarité transforme l’état d’esprit des élèves. J’ai observé mes propres enfants tout au long de leur scolarité, de la maternelle à l’université. Ils n’ont jamais manifesté un enthousiasme similaire à celui dont ils avaient fait preuve le premier jour de maternelle.

Au fil du temps, les enfants développent le sentiment que la scolarité est un ensemble de règles et d’apprentissage que d’autres ont planifié pour eux, qu’il est nécessaire de fournir la réponse correcte et qu’ils sont obligés de passer des examens pour réussir. Tout cela contribue au développement d’un état d’esprit figé. Un tel état d’esprit devient un kit de survie éducatif, ou, pour être plus claire, une façon pour les élèves de faire semblant afin de réussir leur scolarité.

L’année dernière, j’ai créé pour la première fois une unité entière consacrée au concept de l’état d’esprit tourné vers le développement.

Cette unité s’inscrivait dans le thème transdisciplinaire “Comment nous nous exprimons”. Elle se concentrait sur les manières dont nous découvrons et exprimons nos idées et sur les façons dont nous réfléchissons à notre créativité, la développons et l’apprécions. L’idée maîtresse était “apprendre à apprendre développe des dispositions pour toute la vie”.

J’avais inclus un éventail d’activités physiques, mais ce sont les discussions que nous avons eues en classe qui ont été les plus importantes. C’est grâce à elles que j’ai su que les élèves avaient saisi le concept. Ils ont également partagé leurs connaissances avec le reste notre communauté scolaire pendant une conférence.

Cela fait un moment que j’enseigne maintenant, mais c’est la première fois que j’ai observé un tel bouleversement au niveau de l’apprentissage. Il ne s’agit pas de ce qui s’est passé pendant les six semaines durant lesquelles nous avons travaillé sur l’unité, mais du changement opéré chez les élèves après cela.

J’ai mis en place cette unité en août 2016 et les élèves continuent de se référer aux concepts qu’ils ont appris. Je l’entends dans leurs discussions et lorsqu’ils encouragent d’autres élèves. Par exemple, ils se disent souvent : “Allez, n’abandonne pas, continue d’essayer, utilise ton temps à bon escient.”

Je prévois d’enseigner cette unité à nouveau cette année, mais elle prendra la forme d’un programme dédié de trois semaines. Je continuerai ensuite de l’enseigner tout au long de l’année avec différentes leçons visant à approfondir la compréhension de mes élèves. Ils apprendront à adopter un état d’esprit tourné vers le développement, et surtout, à réagir lorsqu’ils se trouvent dans une impasse ou rencontrent des difficultés au niveau de leur apprentissage.

J’encouragerai également les autres enseignants à participer, de sorte que l’acquisition d’un état d’esprit tourné vers le développement devienne un objectif à l’échelle de l’établissement. Pour qu’un changement réel et durable s’opère, il est essentiel que toutes les parties prenantes adoptent un tel état d’esprit. »

Activités en classe visant à stimuler un état d’esprit tourné vers le développement suggérées par Mihaela Morello

Plan de classe

Le premier jour de l’année, les élèves choisissent leur place. Ils expliquent ensuite à l’écrit pourquoi ils ont choisi de s’assoir à côté de tel élève en particulier et en quoi cette décision leur permettra d’améliorer leur apprentissage.

Cinq « pourquoi »

Il s’agit d’une discussion sur un événement ou un défi ayant recours à cinq « pourquoi » afin d’arriver à la racine du problème. Les élèves réfléchissent par deux sur les raisons qui les poussent à venir étudier et commencent en posant la question : « Pourquoi es-tu venu(e) à l’école ce matin ? »

Activité fondée sur la curiosité et réflexion

Les élèves arrivent le matin et trouvent différents objets cachés sous un tissu. Ils explorent ces objets et mènent une réflexion en classe entière.

Observations en classe

Par deux, les élèves se mettent dans la peau d’inspecteurs scolaires et visitent d’autres classes à la recherche d’exemples de bon apprentissage.

Programme Brainology

Les élèves discutent du fonctionnement du cerveau, de ce qui nous aide à apprendre, des études sur la neuroplasticité et des effets de ces découvertes sur l’apprentissage.

Définition de l’apprentissage

Les élèves interrogent leurs parents ou leurs frères et sœurs sur ce qu’est l’apprentissage. À la suite de ces entretiens, ils élaborent une définition individuelle. Tous ensemble, les élèves écrivent ensuite une définition pour la classe.

Autres réflexions

Par exemple, les élèves s’interrogent sur ce qui constitue un apprentissage efficace, regardent le film d’animation Vice-versa de Disney et réfléchissent aux effets des émotions et des sentiments sur l’apprentissage, rédigent une recette pour un « bon apprentissage » ou écrivent leurs réflexions sur le processus d’apprentissage à des fins d’évaluation.