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Que vous a apporté le mémoire ?

Par Robin Julian

Pour de nombreuses raisons, rédiger un mémoire de 4 000 mots en dernière année de deuxième cycle du secondaire est déjà une grande réussite en soi. Mais dans quelle mesure cet exercice est-il vraiment utile ? Pour répondre à cette question, nous avons mené une enquête auprès d’environ 400 diplômés de l’IB.

Le mémoire jouit d’une excellente réputation en tant qu’outil contribuant à aider les élèves du Programme du diplôme de l’IB à acquérir les compétences et processus de pensée critique associés à la recherche, leur permettant de s’adapter plus facilement dans l’enseignement supérieur et dans la vie professionnelle. Il leur permet également de développer leur capacité à trouver par eux-mêmes la réponse aux inévitables questions, fondamentales ou non, qu’ils se poseront dans la vie.

Cependant, à une époque où les moteurs de recherche peuvent apporter une réponse immédiate et de plus en plus crédible à la moindre question que nous nous posons, pouvons-nous continuer de considérer que le processus de recherche est vraiment important ?

Le dictionnaire Oxford définit la recherche comme étant « l’exploration et l’étude systématiques de documents et de sources dans le but d’établir des faits et de parvenir à de nouvelles conclusions » (traduction libre). Une telle démarche exige des efforts poussés, qui vont bien au-delà d’une simple question adressée à l’assistant vocal Siri et qui témoignent d’une véritable soif de nouvelles connaissances ainsi que d’un réel enthousiasme à l’idée de parvenir à des conclusions éclairées susceptibles de façonner nos futures décisions et actions. Cette vision de la recherche est en adéquation avec la manière dont l’IB décrit le mémoire, à savoir comme une démarche qui « vise à promouvoir des compétences d’expression écrite et un travail de recherche rigoureux, en donnant à l’élève l’occasion d’effectuer des recherches personnelles sur un sujet de son choix » (Guide du mémoire, 2016). Aussi rébarbative puisse-t-elle paraître, cette définition a toutefois le mérite de fournir un contexte aux efforts déployés par les élèves et leur superviseur, qui donnent vie au mémoire.

Voici quelques-unes des conclusions de l’enquête que nous avons effectuée auprès de diplômés de l’IB ayant une expérience de la vie dans l’enseignement supérieur.

Plus de 72 % des participants étaient « d’accord » ou « tout à fait d’accord » sur le fait que le mémoire constituait « une part importante de [leur] expérience scolaire » au sein du Programme du diplôme. Bien que les statistiques nous donnent des informations intéressantes, nous les interprétons toujours mieux en les replaçant dans leur contexte. Par conséquent, gardons à l’esprit que les objectifs globaux du mémoire sont de donner aux élèves l’occasion :

  • de mener une recherche de manière autonome en faisant preuve d’initiative et de rigueur intellectuelles ;
  • de développer des compétences de recherche, de pensée, d’autogestion et de communication ;
  • de réfléchir sur ce qui a été appris tout au long des processus de recherche et de rédaction.

« Le simple fait de réaliser le mémoire a été gratifiant. »

De nombreux participants nous ont fait part du plaisir qu’ils avaient éprouvé à mener une recherche indépendante sur un sujet de leur choix et des bienfaits qu’ils en avaient tirés. Ainsi, la rédaction du mémoire avait permis à certains de comprendre « en quoi consiste la recherche à un niveau professionnel et le travail nécessaire pour la mener à bien », tandis que d’autres avaient été heureux de « travailler avec un superviseur extraordinaire qui [leur] a permis de découvrir tous les outils nécessaires pour mener une recherche efficace ».

« Des compétences transposables »

Les participants ont mentionné que les compétences acquises dans le cadre du mémoire étaient transposables au contexte universitaire. Certains ont appris « à s’engager dans un projet de recherche à long terme » et en ont récolté les fruits en sachant que « [leurs] travaux de recherche étaient bien meilleurs que ce qu’ils auraient été sans le mémoire ».

« L’aptitude à formuler des arguments de manière cohérente et à écrire de manière organisée »

Invités à réfléchir en profondeur sur leurs compétences spécifiques en matière de recherche et de communication écrite, les participants ont reconnu l’importance d’apprendre comment « développer un sujet de manière réfléchie et articulée » et « parfaire leurs compétences d’analyse et de synthèse », tout en se félicitant d’avoir l’occasion d’apprendre « à citer des sources et à écrire des références bibliographiques dans un style universitaire adapté ».

L’espace de travail et « comprendre comment organiser un long travail écrit structuré »

Selon un diplômé, « le processus consistant à perfectionner le texte par la modification de versions préliminaires » constituait un enseignement important du mémoire. Une autre participante a indiqué être amenée à rédiger des rapports analytiques dans le cadre de son travail actuel et que « les compétences [qu’elle avait] acquises en rédigeant le mémoire avaient fortement contribué à la qualité de [son] travail ».

D’éventuelles difficultés pour gérer la charge de travail induite par les autres matières du Programme du diplôme

Sur d’autres forums, certains élèves ont fait part de leurs difficultés pour gérer le mémoire en conjonction avec les autres responsabilités et exigences du Programme du diplôme. Rétrospectivement, les anciens élèves qui ont participé à cette enquête ont toutefois exprimé un avis positif sur l’expérience.

En général, leurs réponses soulignaient l’importance d’« apprendre à gérer [son] temps dans le contexte de longs projets » et de « renforcer [ses] compétences d’organisation et de gestion du temps ». Un participant a mis l’accent sur l’importance de s’appuyer sur un emploi du temps bien pensé pour le mémoire.

« Plusieurs années après la fin de ma scolarité, je me surprends encore à citer mon mémoire dans des conversations. »

De nombreuses réflexions font état de l’effet durable du mémoire, qui continue de procurer aux diplômés « un sentiment d’accomplissement personnel encore aujourd’hui », entre autres exemples. Chez certains, le mémoire « a fait naître une passion permanente pour la recherche », mais la remarque la plus marquante est peut-être celle d’un ancien élève qui a indiqué que le travail de recherche et de rédaction qu’il avait mené pour le mémoire lui avait permis de se rendre compte qu’il était « capable de bien plus que ce [qu’il] n’aurai[t] pu imaginer ».

« Je suis capable de bien plus que ce que je n’aurais pu imaginer. »

Quelle est la prochaine étape ? Qu’allons-nous faire des conclusions de cette étude ?

Aussi plaisantes soient ces données, il est toujours possible de faire mieux. En effet, 35 % des anciens élèves interrogés ont indiqué trouver la formulation d’une question de recherche « trop difficile » ou « bien trop difficile ». Environ 20 % d’entre eux ont déclaré avoir rencontré des difficultés similaires pour la mise en œuvre d’un plan de recherche et de rédaction, le développement d’une argumentation réfléchie et la synthèse des informations.

De manière générale, le retour d’information de nos anciens élèves confirme le fait que le mémoire constitue une véritable valeur ajoutée pour le Programme du diplôme. La révision du programme d’études du mémoire en cours cherchera, comme toujours, à s’appuyer sur les aspects qui fonctionnent, à trouver des solutions pour les aspects qui fonctionnent moins bien et à explorer des manières innovantes d’améliorer l’atteinte des objectifs d’apprentissage. Cela dit, cette enquête semble déjà nous donner raison d’être convaincus que le mémoire contribue à incarner la mission de l’IB de « développer chez les jeunes la curiosité intellectuelle [et] les connaissances » et de les encourager à « apprendre activement tout au long de leur vie [et] à être empreints de compassion ».


Robin Julian est responsable de programme d’études pour le mémoire de l’IB.