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L’apprentissage pendant le confinement

Kieran Burgess, coordonnateur du Programme du diplôme, explique au magazine IB World comment l’établissement Dulwich College Beijing a transformé la pandémie en une expérience positive.

Learning through lockdown

Lorsque nous avons appris que nous devrions fermer l’établissement en raison de la COVID-19 (coronavirus), nous avons tout d’abord pensé que nous rouvririons au bout de deux semaines, puisque c’était ce que les autorités disaient à l’époque. Comme nous le savons maintenant, la situation allait considérablement s’aggraver.

Nous avons pris presque instantanément la décision de ne pas interrompre l’enseignement et l’apprentissage. Tous les enseignants et membres du personnel ont investi énormément d’énergie et d’attention pour que tout se passe bien lors de ces premiers jours et ces premières semaines. Tous les enseignants souhaitaient enseigner «comme d’habitude», non seulement pour que les élèves n’accumulent pas de retard, mais aussi pour qu’ils aient un sentiment d’habitude et de familiarité pouvant servir d’ancrage contre les bouleversements qui secouaient le monde.

Les parents avaient peur que leurs enfants ne reçoivent pas le niveau normal d’éducation. Nos équipes d’accompagnement ont donc passé de nombreuses heures à travailler aussi avec les parents, à les aider à trouver un équilibre entre vie de famille et apprentissage des enfants. Depuis, nous avons reçu de nombreux commentaires touchants des parents, pleins d’encouragements et de remerciements.

Du fait de cette situation et du travail de nos équipes d’accompagnement, nous disposons désormais de données riches sur chaque enfant grâce aux plateformes d’apprentissage en ligne. Je ne pense pas que nous retrouverons ce degré de détails lorsque nous retournerons à la normale.

« Nous avons traversé une période très difficile avec des élèves et des parents très angoissés. Un aspect clé a été de donner des informations de l’IB très fréquentes et transparentes, par courriel ou sur les forums Zoom. »

«L’apprentissage 4.0»

Nous avons publié nos propres instructions concernant l’apprentissage en ligne avant le début du semestre en février. Cependant, nous ne cessons pas d’observer ce sujet et d’y réfléchir, en tenant compte des retours d’information des élèves et des parents. Les enseignants et les élèves se sont adaptés très rapidement à l’utilisation de Microsoft Teams pour l’apprentissage et pour la majorité des communications. Je ne pense pas que nous abandonnerons cette approche.

Nous proposons maintenant «l’apprentissage en ligne 4.0», notre modèle hybride d’apprentissage en ligne. Ce modèle nous permet de profiter des avantages que présente l’autorisation donnée par le gouvernement de rouvrir l’établissement tout en relevant les défis posés par le fait que de nombreux élèves et enseignants sont encore coincés à l’étranger, car les frontières sont fermées.

Nous avons trouvé que les leçons synchrones (leçons réunissant de manière collaborative et simultanée un groupe d’apprenants et, en général, un enseignant) présentent à la fois des avantages et des inconvénients. Les élèves apprécient la possibilité de communiquer avec les enseignants, de les voir et de les entendre.

Pour les enseignants et les élèves se trouvant dans les zones horaires d’Europe et d’Amérique du Nord, nous mettons désormais davantage l’accent sur des tâches courtes, morcelées et précises, accompagnées d’un élément visuel et vocal. Les leçons d’apprentissage asynchrones (sans horaires fixes, ne réunissant pas nécessairement un groupe d’élèves mais comprenant un retour d’information de l’enseignant) sont accompagnées de démonstrations et de vidéos de retour d’information. Certaines composantes en temps réel ont été maintenues lorsque les zones horaires le permettent, mais en général elles ne couvrent pas l’intégralité des leçons.

Une période effrayante pour les élèves

Les enjeux de cette période difficile étaient les plus élevés pour nos élèves de 2e année du Programme du diplôme, lesquels devaient réaliser leurs travaux prévus dans le cadre des cours et préparer les examens.

Nous avons traversé une période très difficile avec des élèves et des parents très angoissés. Un aspect clé a été de donner des informations de l’IB très fréquentes et transparentes, par courriel ou sur les forums Zoom.

Les matières pratiques et physiques ont été difficiles à mettre en œuvre. Par exemple, nous n’avons pas pu organiser l’exposition d’arts de l’IB dans l’établissement, puisqu’il était fermé. Nous avons néanmoins réussi à organiser une exposition virtuelle et fermée au public dans une galerie de l’Espace 798, la zone artistique de Pékin de renommée mondiale.

Cette période a été très difficile pour tout le monde mais elle a permis de souder davantage la communauté. Nos directeurs de la technologie éducative et les directeurs du groupe Dulwich ont joué un rôle majeur dans le développement des processus et dans le maintien d’un sentiment de confiance. Nos équipes de relations avec le gouvernement et nos équipes opérationnelles ont travaillé d’arrache-pied pendant toute cette période, et leur travail était bien plus visible qu’en temps normal. C’est pourquoi, même si la majorité travaillait et apprenait à la maison, l’ensemble de la communauté a paradoxalement pu se voir bien plus que d’habitude. Le sentiment de loyauté et de confiance en l’autre s’est ainsi renforcé au sein de la communauté.

IB Art Exhibition - COVID closure at DCB
L’exposition d’arts de l’IB dans l’établissement

« Nous avons toujours eu la conviction que l’apprentissage reposant sur la recherche et fondé sur des concepts a plus de valeur que l’apprentissage basé sur des cours magistraux. »

S’appuyer sur les nouvelles technologies

Nous sommes devenus des spécialistes des méthodes d’apprentissage en ligne et à distance. Poussés par la nécessité, même les enseignants les plus technophobes ont adopté de nouvelles astuces, gagnant ainsi l’assurance nécessaire pour aller plus loin dans l’expérimentation et l’innovation.

Nous avons toujours eu la conviction que l’apprentissage reposant sur la recherche et fondé sur des concepts a plus de valeur que l’apprentissage basé sur des cours magistraux. Cependant, nous avons dû nous appuyer pendant cette période sur l’apprentissage asynchrone et des leçons prenant la forme de séminaires (le grand saut dans le spectre de la classe inversée). Nombre des parents d’élèves en ont conclu que l’apprentissage peut revêtir de nombreuses formes différentes.

Dans une culture où prévaut une vision plutôt conservatrice de l’éducation, l’apprentissage individualisé et dirigé par l’élève, avec des communications individualisées plus courtes et plus fréquentes avec les enseignants, nous a beaucoup aidé à valider la philosophie en matière d’éducation que propose notre établissement.

Réouverture progressive

Peu avant la publication de ce texte, les autorités ont à nouveau imposé la fermeture des établissements scolaires de Pékin, dont le nôtre. Avant cette nouvelle fermeture, nous avons néanmoins pu profiter d’une courte période de réouverture partielle. Les premiers à revenir sur site ont été les élèves de 2e année du Programme du diplôme. Ils sont revenus à temps pour participer aux stages en ligne proposés par le groupe Dulwich College International, se dire au revoir et préparer la prochaine étape de leur vie. Les stages en ligne sont des programmes de formation proposés par des institutions éducatives et des entreprises privées visant à donner aux élèves de courtes expériences pratiques dans leur domaine d’étude. Les élèves de 10e année ont été les suivants à obtenir l’autorisation de revenir sur site. Ils sont les premiers à avoir essayé notre modèle hybride «apprentissage 4.0», suivis par le reste de l’établissement.

De nouvelles habitudes se sont installées pour l’arrivée des élèves à l’école, laquelle comprend désormais un processus rigoureux de certification sanitaire à l’aide d’une application, la réalisation d’une enquête et la vérification de la température. Les efforts pour nettoyer et désinfecter l’établissement ont évidemment été renforcés et les enseignants ont désormais l’habitude de vérifier la température des élèves en cours de journée.

Chaque groupe d’élèves qui reprend les cours est encouragé avant toute chose à renouer les relations et à réfléchir. Cette situation d’incertitude a suscité une grande anxiété chez des enfants de tous âges. Nombre d’entre eux ont éprouvé un traumatisme et un deuil. Il est plus important de prendre le temps de reconnaitre et valider les émotions et apprendre à vivre à nouveau ensemble que de proposer un programme d’études dès les premiers jours.

Des changements durables

 Les avantages de certaines plateformes de manuels scolaires en ligne sont maintenant si ancrés qu’il serait difficile de justifier leur retrait. Nous avons organisé plusieurs rencontres et conférences virtuelles réunissant les parents, les enseignants et les élèves. Celles-ci ont été très favorablement accueillies et elles permettent également une transmission plus efficace des informations. Nous ne sommes donc pas pressés de les abandonner.

Afin de tirer le meilleur parti de cette situation, nous avons également lancé d’autres initiatives, comme par exemple une orientation en ligne de deux semaines sur le Programme du diplôme. Cette présentation s’adressait aux élèves de 11e année et comprenait notamment une recherche sur un thème issu de chacune des matières qu’ils ont choisie. Nous avons rassemblé tous ces éléments au sein d’une grande leçon en ligne de théorie de la connaissance (TdC), laquelle a été accueillie avec enthousiasme par les élèves.

Je soupçonne que nous ne reviendrons jamais entièrement en arrière après le grand saut dans le spectre de la classe inversée. En effet, les élèves, les parents et les enseignants ont tous constaté qu’il était souhaitable de s’appuyer davantage sur l’autonomie et de personnaliser davantage l’apprentissage et les retours d’information à une échelle beaucoup plus grande qu’auparavant. La valeur de la note finale prévue cette année compte beaucoup et les parents et les élèves se rendent de plus en plus compte que les résultats sont basés sur l’ensemble des deux années d’apprentissage. Je compte utiliser l’effet de remous pour promouvoir l’apprentissage aux fins de l’apprentissage et pour souligner clairement pourquoi une stratégie centrée sur les notes finales n’est pas des plus saines.

Lire les expériences d’autres établissements pendant la pandémie de COVID-19 : Les pratiques des enseignants bouleversées par la pandémie de COVID-19, Les établissements scolaires répondent à l’épidémie de COVID-19 en passant en mode virtuel, Veiller au bon déroulement de l’apprentissage durant la pandémie de COVID-19

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