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« Ne laissez pas la sous-représentation vous décourager » : Elsie Effah Kaufmann, ancienne élève de l’IB, témoigne de l’intérêt des STIM

Dans cette séance de questions-réponses, nous avons posé quelques questions à Elsie Effah Kaufmann, ancienne élève du Programme du diplôme de l’IB, sur sa carrière d’ingénieure et sa scolarité.

Elsie Effah Kaufmann revient sur son parcours avec l’IB et souligne l’influence positive d’une communauté étudiante diverse au sein de son établissement scolaire, l’UWC Atlantic College. Elle évoque l’approche de l’apprentissage axée sur la pratique et l’acquisition de compétences précieuses pour réussir dans les STIM.

Mme Effah Kaufmann nous parle également de ses objectifs professionnels et de son travail pour favoriser la formation d’ingénieures et ingénieurs d’avenir en Afrique. Malgré le manque de représentation des femmes en ingénierie, cette ardente promotrice de l’accès des femmes aux métiers des STIM ne s’est pas laissée décourager et a fait carrière dans sa passion.

Elsie Kaufmann Headshot Cropped

Vous avez déclaré que votre expérience de l’IB à l’Atlantic College a changé votre vie. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Je n’aurais jamais imaginé vivre une expérience aussi incroyable. Moi-même ghanéenne, j’ai constaté à mon arrivée que 68 autres pays étaient représentés. Comme si le monde entier s’était rassemblé là. J’ai senti que j’aurais d’incalculables occasions d’apprendre de mes collègues et de mes camarades. J’étais excitée comme une enfant dans un magasin de bonbons.

Finalement, j’ai choisi des cours de physique, de chimie et de biologie au niveau supérieur, et de mathématiques, d’anglais et de français au niveau moyen. L’enseignement était radicalement différent de tout ce que j’avais connu jusque-là. Nous apprenions la théorie, mais on nous encourageait aussi à explorer et à concevoir nos propres expériences.

Au début, j’ai trouvé le cours de théorie de la connaissance particulièrement ardu. On nous posait des questions sur différents problèmes, sur lesquels nous devions formuler nos propres opinions. Cela a changé ma vie. J’avais grandi avec l’idée que ma responsabilité d’élève était d’écouter afin de pouvoir restituer les informations.

On m’a donné la possibilité d’exprimer mes propres idées et j’ai pu me rendre compte que des personnes s’y intéressaient vraiment.

Plus tard, dans le cadre de mon mémoire, j’ai pu mener mes propres recherches en chimie. On m’a fait confiance pour travailler en laboratoire en autonomie. Si j’évoque ces possibilités avec passion, c’est parce qu’elles ont changé ma vie. Tout mon parcours en découle.

Quelles compétences avez-vous acquises au cours de votre scolarité ?

Au fil de mon expérience au sein de l’IB, j’ai acquis le goût de l’aventure et gagné en résilience. J’ai appris à essayer de nouvelles choses malgré le risque d’échec, et à persévérer pour résoudre des problèmes. La résolution de problèmes est une compétence essentielle, puisque nous vivons tous et toutes dans des environnements différents, qui se caractérisent par des problèmes différents. Nous devons comprendre ce qu’il se passe autour de nous et apprendre à formuler les questions pertinentes en fonction du contexte. La capacité à travailler en équipe et à communiquer ses idées de manière respectueuse et inclusive est une nécessité absolue.

En apprenant et en utilisant ses connaissances pour résoudre des problèmes, on peut véritablement changer le monde.

J’ai aussi développé des compétences de pensée analytique, critique et indépendante. J’ai pu déterminer moi-même ce que je souhaitais faire et justifier mes actions et mes choix. L’indépendance d’esprit a donc joué un rôle important dans le perfectionnement de ces compétences.

Que diriez-vous aux filles et aux jeunes femmes qui envisagent une carrière dans l’ingénierie ou dans les sciences de la vie ?

Aujourd’hui, il y a beaucoup de figures inspirantes dans le domaine des sciences de la vie. Au contraire, l’ingénierie souffre encore d’une sous-représentation des jeunes femmes. Mais cela ne signifie pas pour autant que ce domaine soit inaccessible. Comme je le fais toujours remarquer, il suffit de regarder mon parcours. Le problème ne vient pas du manque de compétence des femmes. Simplement, nous ne nous projetons pas suffisamment dans ces métiers. Mon conseil : appliquez-vous, et rappelez-vous que rien de bon n’arrive sans effort. Vous devrez travailler dur et faire preuve de persévérance, mais votre réussite sera d’autant plus gratifiante.

Ne laissez pas la sous-représentation vous décourager. Faire carrière dans l’ingénierie, c’est possible.

Quels sont vos objectifs et vos attentes pour l’avenir des STIM ?

J’ai récemment lancé une fondation destinée à promouvoir l’enseignement des STIM sur le continent africain. Actuellement, je travaille à un projet qui rassemble des élèves et des membres du corps enseignant. Nous œuvrons à l’élaboration de ressources pédagogiques destinées à enseigner des compétences pratiques aux élèves qui ne bénéficient pas du système éducatif traditionnel. Mon objectif est de déployer ce projet afin de couvrir toutes les expériences possibles dans leur diversité et de veiller à la pertinence des ressources. J’ai commencé au Ghana, mais les problèmes que l’on voit ici ne s’arrêtent pas aux frontières du pays. Je prévois de me déplacer pour transmettre ce que j’ai appris, et de diffuser ce travail ailleurs en Afrique.

C’est grâce à l’ingénierie que naissent des esprits innovants, aptes à la résolution de problème, qui sauront voir le monde sous des angles inédits. Nous devons trouver des moyens d’aider les élèves à acquérir la confiance en soi et les compétences techniques nécessaires pour accomplir cette mission. L’ingénierie continuera à changer le monde.

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Éminente universitaire ghanéenne, Elsie Effah Kaufmann a obtenu le diplôme de l’IB en 1988 à l’UWC Atlantic College. Elle a ensuite obtenu un diplôme universitaire de premier cycle, un diplôme universitaire de deuxième cycle et un doctorat en bio-ingénierie à l’Université de Pennsylvanie. Aujourd’hui, elle exerce le métier d’ingénieure et occupe le poste de doyenne de la School of Engineering Sciences à l’Université du Ghana. Elle a également fondé la Elsie Effah Kaufmann Foundation et anime le National Science and Maths Quiz, une émission télévisée très populaire au Ghana. Fervente défenseuse des STIM, elle met un point d’honneur à transmettre ses connaissances et son expérience pour promouvoir l’enseignement de ces matières en Afrique.