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Série « Petite enfance et Programme primaire » : la consignation de l’apprentissage (épisode 3)

Dans ce dernier épisode de la série consacrée au matériel de soutien pédagogique du PP intitulé La petite enfance dans le cadre du Programme primaire, Sue Tee s’est entretenue avec Anne van Dam et Kathryn O’Connell (deux professionnelles de l’éducation spécialisées dans la petite enfance ayant travaillé dans des contextes locaux et mondiaux), afin d’explorer quelques possibilités et tiraillements associés à la consignation de l’apprentissage. Découvrez ci-après le résumé de cet entretien, disponible dans son intégralité sur « Les voix de l’IB » (en anglais).

Summary of IB voices: PYP Early Years series- episode 3

« Cela doit se faire dans la joie et la bonne humeur. Mais cela doit aussi rester gérable.  En tant qu’enseignants, nous devons aussi consigner l’apprentissage et faire bon usage de ces informations. Elles doivent nous permettre d’orienter notre planification pour chaque enfant et pour l’ensemble du groupe. Nous donnons du sens aux processus de création de sens des enfants. »

Sue Tee :

Dans le cadre du PP, l’évaluation a quatre dimensions : contrôle, consignation, mesure et compte rendu de l’apprentissage. Dans la petite enfance, ces dimensions sont interdépendantes, et les preuves utilisées dans un domaine peuvent souvent servir dans un autre domaine. Il existe un lien évident entre le contrôle et la consignation. Nous avons d’ailleurs déjà discuté de certains tiraillements à ce sujet dans un balado précédent. J’aimerais donc que nous nous penchions maintenant sur le processus de consignation et que nous explorions quelques tiraillements et possibilités liés à cette pratique essentielle. Anne, si vous voulez bien répondre.

Anne van Dam :     

La première source de tiraillements est probablement la question de savoir ce qu’il faut rechercher et consigner. Mais, dans une certaine mesure, nous devons aussi procéder de manière systématique. D’un côté, nous devons suivre les progrès de chaque enfant dans tous les différents domaines de développement. Et de l’autre, nous devons tenir compte du groupe et de son processus de recherche. Alors, comment observer et consigner les approches de l’apprentissage ainsi que les qualités du profil de l’apprenant ? Comment observer, consigner et mesurer la compréhension de cette grande idée maîtresse ?

Nous devons procéder de manière systématique. Cela doit se faire dans la joie et la bonne humeur. Mais cela doit aussi rester gérable.  En tant qu’enseignants, nous devons aussi consigner l’apprentissage et faire bon usage de ces informations. Elles doivent nous permettre d’orienter notre planification pour chaque enfant et pour l’ensemble du groupe. Nous donnons du sens aux processus de création de sens des enfants. Selon moi, cette pratique collaborative nous aide vraiment à maintenir le lien entre la pensée de chaque enfant et la pensée évolutive du groupe.

J’aimerais attirer l’attention sur une autre source de tiraillement dont j’entends souvent parler, à savoir le fait que la consignation peut vous éloigner des enfants. Personnellement, j’ai vraiment l’impression que cela me rapproche des enfants. Avec le temps, on acquiert une plus grande aptitude à déterminer comment capturer des moments très précis et magnifiques, des moments qui nous disent quelque chose sur l’enfant ou le processus de recherche du groupe. Je ne saurais donc que trop vous conseiller de prendre votre mal en patience, car cet apprentissage prend vraiment du temps.

« Réfléchissez à ce que vous avez créé et à la direction que vous souhaitez prendre. »

Kathryn O’Connell :

Je suis entièrement d’accord avec Anne. J’adore ce qu’elle dit au sujet de l’identité de l’enseignant en tant que chercheur ou penseur. Cela nous permet de faire ce que nous voulons toutes et tous faire, à savoir vivre le profil de l’apprenant. Et j’aime aussi quand elle dit qu’il faut procéder de manière systématique. Les enseignants doivent organiser leur salle de classe de manière à ce qu’elle fonctionne en autogestion, ce qui leur donnera l’espace et le temps pour s’asseoir, observer et écouter.

Ils doivent trouver leurs propres solutions à chaque étape de la consignation. Connaître la situation de chaque élève ne suffit pas, il faut aussi faire preuve de gentillesse et de douceur, et se considérer soi-même comme un chercheur ou une chercheuse, par le simple fait de valider nos progrès ou nos réussites. Au début, on commence par des questions comme : Quelle est l’intention de cet enfant ? Qu’essaie-t-il de comprendre ? L’objectif est de bien connaître ses élèves, leurs expériences antérieures et ce qu’ils pensent.

Vient ensuite la question ou le tiraillement suivants : Que dois-je faire de tout cela ? Que dois-je faire des photos et des notes que j’ai prises ? Et je vous répondrais que vous devez y réfléchir. Vous risquez probablement de mal interpréter ce que les enfants étaient en train de faire. Mais cela n’a pas d’importance, car cela vous donne l’occasion d’en discuter et d’en apprendre plus.

Anne van Dam :

Cela vous permet aussi d’être plus à l’aise avec la subjectivité, me semble-t-il. Si vous considérez l’enseignement comme un art, il y a mille et une manières d’envisager une situation. Et je pense que ces tiraillements devraient être considérés comme des avantages, tout comme le fait de travailler avec les autres, d’apprécier des points de vue différents et d’apprendre les uns des autres.

Sue Tee :

Anne, peut-être aimeriez-vous parler un peu plus du fait que la consignation est une démarche agréable ?

« La consignation ne reflète pas la réalité. Elle reflète votre point de vue. Et, en cela, je pense qu’il est agréable de consigner ce que je remarque, en plus de déceler les tendances sur une période et de me rappeler qu’il y a peut-être d’autres choses à découvrir. »

Anne van Dam :

Oui. Comment pourrait-il en être autrement ? Je suppose que cette démarche s’inspire largement de l’approche Reggio. Rien ne se fait sans un peu d’enthousiasme. C’est vrai pour les enfants, mais ça l’est aussi pour les adultes. Si nous aimons travailler aux côtés des enfants, la consignation nous offre la possibilité d’écouter et de consigner ce dont nous sommes témoins.  D’ailleurs, Carlina Rinaldi parle souvent de cela. La consignation ne reflète pas la réalité. Elle reflète votre point de vue. Et, en cela, je pense qu’il est agréable de consigner ce que je remarque, en plus de déceler les tendances sur une période et de me rappeler qu’il y a peut-être d’autres choses à découvrir. La consignation nous fait prendre conscience que les enfants sont compétents, à nous, professionnels de l’éducation, mais aussi aux parents. Cela me réjouit profondément et j’espère que cela éveillera les consciences de celles et ceux qui nous écoutent.

Kathryn O’Connell :

Je valide à cent pour cent. Une fois que vous êtes engagés dans le processus de consignation, que vous avez observé et que vous disposez de toutes les informations, vous vous demandez quelle direction prendre pour créer un environnement d’apprentissage suscitant la réflexion. Je pense que vous pouvez vraiment vous amuser avec vos élèves et prendre du plaisir dans ce processus d’apprentissage. Si vous vous amusez, les enfants aussi s’amuseront. Vous pouvez vous demander : « Et maintenant, où vais-je les emmener ? Que faire ? Quel environnement créer ? De quel matériel ai-je besoin pour leur permettre d’approfondir le concept ou l’idée avec laquelle ils jouent ? »

Anne Van Dam

Enseignante, coordonnatrice, cheffe d’établissement et directrice adjointe, Anne van Dam a occupé différentes fonctions au sein de plusieurs écoles internationales en Chine, à Singapour et en Suisse. Elle rejoint l’Eton House International Pre-School en 2007, attirée par sa vision qui est de centrer l’apprentissage sur la capacité des jeunes enfants à donner du sens et à créer des liens. En août 2011, elle devient directrice adjointe de l’International School of Zug and Luzern (ISZL). Elle y soutient le développement d’une nouvelle vision partagée de l’apprentissage au cours de la petite enfance, qui met fortement l’accent sur les relations, le jeu, les espaces d’apprentissage et la consignation de l’apprentissage.

En 2015, elle retourne vivre aux Pays-Bas, où elle collabore pendant deux ans avec l’équipe chargée du développement du PP au bureau régional de l’IB, à La Haye. Elle a participé à la révision du PP, en se concentrant sur l’agentivité des apprenants, la petite enfance, la recherche et plusieurs aspects de la « communauté d’apprentissage ». Actuellement, Anne van Dam anime des ateliers pour l’IB et collabore avec des écoles internationales en tant que conseillère pédagogique indépendante. Depuis mai 2019, elle apprend aussi auprès d’enfants âgés de 4, 5 et 6 ans dans un établissement proposant le PP qui se trouve au centre-ville de La Haye, sa ville natale.

Kate O’Connell est une professionnelle de l’éducation passionnée et une apprenante permanente forte de 25 ans d’expérience dans l’enseignement et à des postes de direction. Elle a proposé ses services de consultante et travaillé dans 30 établissements, 12 pays et 4 continents. Elle a notamment enseigné à différents niveaux scolaires et a exercé des fonctions de direction en tant que coordonnatrice du PP, directrice et cheffe d’établissement. Aujourd’hui, elle enseigne à l’Australian International School Phnom Penh.

Elle est titulaire d’un diplôme de premier cycle en éducation élémentaire et d’un diplôme de deuxième cycle en programmes d’études et instruction de l’Université d’État du Michigan. Elle prépare actuellement un certificat de gestion et direction pédagogiques à la Harvard Business School et à la Harvard Graduate School of Education.

Kate O’Connell conçoit et anime des ateliers pour le Baccalauréat International et Compass Education. Elle a également proposé des formations en ligne dans le cadre du programme WIDE World de la Harvard Graduate School of Education.

Elle voue une véritable passion à l’éducation et aux enfants.

Kate O'Donnell
Sue Tee

Sue Tee est responsable de programme d’études du PP pour la petite enfance et les Arts au centre mondial de l’IB à La Haye. Originaire du Royaume-Uni, elle a exercé dans plusieurs écoles internationales à Hong Kong et aux Pays-Bas en tant qu’enseignante et membre de la direction. Bien qu’elle ait travaillé dans l’enseignement primaire, son cœur appartient à la petite enfance et c’est là qu’elle a passé le plus clair de son temps. Elle y a côtoyé des professionnels de l’éducation et des enfants extraordinaires desquels et avec lesquels elle a tant appris.

Le terme « petite enfance » désigne les élèves du PP âgés de trois à six ans. Pour en savoir plus sur les stratégies de mise en œuvre du PP dans le cadre de la petite enfance et sur les résultats de ce programme, veuillez cliquer ici. 

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