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Une sensibilité internationale tout au long de la vie

Une organisation caritative internationale travaille en partenariat avec des écoles du monde de l’IB en vue d’assurer gratuitement l’éducation des communautés les plus démunies et les plus isolées. Le magazine IB World a enquêté.

Lorsque Chris Howarth a commencé à travailler dans un petit village au Cambodge pour fournir aux élèves un enseignement de qualité, il était loin de s’imaginer qu’il serait, six ans plus tard, à l’origine d’un mouvement international. À ce jour, il a contribué à l’éducation de 15 000 enfants et à la formation de 250 enseignants au Cambodge, au Népal et en Birmanie.

L’organisation caritative de M. Howarth, United World Schools (UWS), a établi un partenariat avec des écoles du monde de l’IB afin de construire et d’entretenir des établissements scolaires à l’échelle locale, et de former leurs enseignants, dans des régions indigènes. Pour l’heure, l’UWS a construit 70 établissements qui faisaient grandement défaut à ces communautés.

Pour les enfants de ces régions, apprendre à compter, à lire et à écrire représente un éventail de possibilités et d’occasions d’emploi.

Un échange culturel

La Red Maids’ School, à Bristol, au Royaume-Uni, propose le Programme du diplôme de l’IB. Elle a construit l’UWS Jong School, au Cambodge. C’est Jon Cooper, le coordonnateur du Programme du diplôme de l’établissement qui est à l’origine de cette initiative. M. Cooper est engagé auprès de l’UWS depuis les débuts de l’organisation. Avant d’intégrer la Red Maids’, il travaillait dans une autre école du monde de l’IB, la Portsmmouth Grammar School (PGS), qui a financé la Chai Thom, le deuxième établissement construit par l’UWS.

Lorsqu’il a rejoint la Red Maids’ en 2011, M. Cooper a décidé de renouveler cette expérience. Une fois par an, les élèves du Programme du diplôme se rendent dans la région pendant trois semaines. Avant le voyage, ils travaillent en collaboration pour collecter des fonds. Une fois dans le village, six heures par jour, ils enseignent aux élèves de la Jong School, planifient les cours et découvrent la culture et l’histoire du Cambodge.

Selon M. Cooper, c’est une expérience inestimable qui a contribué à renforcer la sensibilité internationale chez les élèves et à améliorer le Programme du diplôme.

« Cet échange est une mine de ressources pédagogiques pour les cours de théorie de la connaissance (TdC), de géographie et d’histoire. Il a constitué le sujet de plusieurs mémoires et a inspiré nos élèves du Programme du diplôme, impressionnés par les résultats tangibles de l’opération, pour la réalisation de leur projet créativité, activité, service (CAS).

Dans le cadre des domaines de la connaissance du cours de TdC, et plus particulièrement des systèmes de connaissances des cultures autochtones, nous travaillons également sur les tribus indigènes présentes à la Jong School. En plus de cela, nous établissons des liens et collaborons avec d’autres écoles du monde de l’IB au Royaume-Uni qui travaillent en partenariat avec l’UWS, telles que la PGS et la Royal High Bath. »

Les élèves ont écrit, dirigé et joué une pièce de théâtre sur le règne des Khmers rouges (de 1975 à 1979) au Cambodge, une période de l’histoire durant laquelle l’éducation était interdite.

Les élèves découvrent le partenariat mis en place avec l’UWS dès le début de leur scolarité à la Red Maids’. Ils collectent des fonds et sensibilisent leur communauté. Ils peuvent ainsi recevoir le prix de citoyen mondial de l’UWS à quatre niveaux (du bronze au platine). « Ces niveaux ciblent les différents groupes d’âge afin de développer la sensibilité internationale chez les élèves dès le début de leur scolarité dans l’établissement, a expliqué M. Cooper.

L’objectif est de transmettre la sensibilité internationale à l’ensemble de la communauté scolaire, a-t-il ajouté.

C’est un enseignement qui profite à toutes les parties. Les élèves de l’UWS et de la Red Maids’ découvrent qu’il existe un monde au-delà du leur. Ils comprennent la valeur des connaissances de chacun. Cet échange culturel leur donne l’occasion de partager et les confronte à des défis inédits. »

« Les élèves de toutes les années ont le sentiment d’avoir un rôle à jouer dans ce partenariat, grâce aux assemblées, aux collectes de fonds et aux cours, a expliqué Ali, un élève du Programme du diplôme. Après m’être rendu à Jong, j’ai vraiment l’impression que le partenariat fait partie intégrante de l’établissement et de moi-même. Je suis plus déterminé que jamais à déployer toute l’énergie nécessaire pour comprendre les autres et avoir une influence sur le monde. »

Une contribution positive

L’enseignement traditionnel au Cambodge est connu pour son style didactique. Cependant, les enseignants de l’UWS sont formés pour utiliser des techniques collaboratives, qui encouragent les élèves à réfléchir et à mener des recherches.

La formation, très intensive, peut se révéler très difficile, mais elle « forge le caractère et développe l’autonomie et la collaboration, a déclaré M. Cooper. Les enseignants ont une énorme influence sur ces communautés isolées et encouragent les élèves à être créatifs et à mener une véritable réflexion, au-delà des connaissances de base. »

De nombreux enseignants de la communauté de l’UWS ont eux-mêmes été sauvés par l’éducation et ils sont très heureux d’avoir l’occasion d’inspirer la prochaine génération. Van Hoey, par exemple, a grandi sous le régime des Khmers rouges. Forcé à travailler dans les rizières avec très peu d’eau et de nourriture, il a réussi à s’enfuir dans la jungle, où il a pu suivre des cours et une scolarité organisés clandestinement par des groupes de résistance. Pour M. Hoey, l’éducation est un symbole de liberté et d’espoir.

Srey Kolab, enseigne également au sein de la communauté de l’UWS. « J’ai été choisi pour être formé à enseigner au sein de la communauté. Pendant la formation, j’ai appris à lire et à compter dans la langue des Khmers. J’ai rencontré des enseignants qui ont reçu une formation universitaire et qui ont grandi en ville. Nous étions bien plus lents qu’eux pendant la formation, mais nous sommes devenus amis et ils sont venus vivre dans notre village. »

À la suite de leur collaboration avec la Jong School, de nombreux élèves de la Red Maids’ sont retournés dans ce petit village cambodgien pendant leur année de congé ou après l’obtention de leur diplôme.

« [Le projet] a inspiré 72 élèves et 9 membres du personnel à effectuer du volontariat à la Jong School, a déclaré M. Cooper. Un enseignant a mis en place un partenariat avec l’UWS dans sa nouvelle école du monde de l’IB et a utilisé le modèle transférable que nous avons développé à la Red Maids’. »

L’éducation des filles

L’UWS appelle à mettre un terme aux inégalités entre les sexes en matière d’éducation. L’organisation accomplit des progrès considérables pour garantir que les filles reçoivent un enseignement de qualité.

L’UWS est sensible au fait que l’enseignement des filles diminue les risques de mariage, de trafic et d’exploitation des enfants et leur fournit des occasions professionnelles qui peuvent leur permettre de sortir, elles et leur famille, de la pauvreté.

Une crèche est mise à la disposition des filles dans chaque établissement de la communauté de l’UWS pour permettre à celles qui ont des enfants ou qui s’occupent de leurs cadets de se rendre en cours. Les enfants reçoivent une formation sur les règles de base en matière d’hygiène afin de réduire la mortalité infantile et suivent des cours d’éducation sexuelle pour limiter les risques de grossesse chez les jeunes.

Projets en cours

À terme, l’UWS espère fournir une éducation à 50 000 enfants déscolarisés d’ici à 2019. L’organisation vise à construire 150 nouveaux établissements au Cambodge, en Birmanie, au Népal et au Laos et à donner ainsi l’occasion à tous les enfants d’apprendre à lire, à écrire et à compter.

Pour ce qui est de la Red Maids, M. Cooper espère participer aux projets en cours au Népal ou en Birmanie et organiser une conférence. « J’adorerais organiser une conférence qui réunirait des élèves de l’UWS et des écoles du monde de l’IB. Ce serait l’occasion de mener des discussions passionnantes, ainsi qu’une véritable source d’inspiration pour la TdC et la sensibilité internationale. »