Les élèves s’épanouissent avec l’apprentissage et l’enseignement interdisciplinaires

Par Natasha Haque and Keiko Henke

 

Pouvez-vous imaginer qu’un projet de physique puisse aussi être évalué par un enseignant de français ? Ou un projet de sciences, par un enseignant d’arts ?

L’une des richesses du Programme d’éducation intermédiaire (PEI) est de nous donner l’occasion de collaborer et d’établir des liens entre des contenus importants en élaborant des unités interdisciplinaires. Ces unités visent à amener les élèves à étudier des problèmes complexes sous des angles variés en utilisant les connaissances et la compréhension qu’ils ont acquises dans différentes disciplines.

Ici, à la Dar es Salaam International Academy, en Tanzanie, l’apprentissage interdisciplinaire du PEI permet aux enseignants et aux élèves de décloisonner les disciplines pour générer de nouvelles compréhensions. Grâce à cette pratique, nous pouvons étudier un thème en profondeur tout en enseignant des contenus spécifiques à chaque matière. Très souvent, les résultats de ces explorations sont bien au-delà de nos espérances.

Nous avons par exemple conçu une unité de 10e année à partir des cours d’individus et sociétés et de langue et littérature. En associant ces deux disciplines, nous voulions amener les élèves à découvrir le fonctionnement des mouvements sociaux, et la manière dont ils pouvaient provoquer un changement sociétal, tout en explorant le pouvoir de la nouvelle en tant que support pour transmettre un commentaire social.

Nous avons planifié l’unité ensemble, si bien que chacune d’entre nous a pu l’enseigner depuis la perspective de sa discipline et construire ses cours sur les connaissances et la compréhension que les élèves avaient acquises dans l’autre discipline. Nous avons combiné l’enseignement de l’unité avec un voyage scolaire sous forme de sortie éducative au Rwanda, durant laquelle les élèves ont eu l’occasion d’explorer et de remettre en question leurs idées préconçues sur les groupes ethniques et les genres.

Dans le cadre du cours d’individus et sociétés, les élèves ont mené une enquête intergénérationnelle sur les rôles liés aux genres dans leur famille et ont analysé la manière dont ces rôles avaient évolué au fil du temps. Ils ont également mené des entretiens qualitatifs sur les groupes ethniques. Ces deux activités leur ont permis d’obtenir un grand nombre de données primaires à comparer avec les sources examinées en classe. Dans le cours de langue et littérature, ils ont étudié une série de nouvelles, dont Coup de gigot de Roald Dahl, Indian Education de Sherman Alexie, La ménagerie de papier de Ken Liu et Pauvre surhomme de Kurt Vonnegut Jr. Ils ont analysé et compris le but et les effets de ces œuvres sur le public, et ont ainsi mené une réflexion sur le pouvoir de la littérature pour sensibiliser le public à des questions sociales. La palette de nouvelles étudiées leur a également permis de découvrir différentes structures pouvant être utilisées pour influencer le lien que les lecteurs établissent avec le commentaire social. Les élèves ont choisi une nouvelle à analyser, ce qui leur a donné un modèle pour leur évaluation finale qui consistait à rédiger une nouvelle évaluée par les enseignantes des deux disciplines.

Chaque élève a choisi d’explorer la question des groupes ethniques ou celle des genres pour créer une nouvelle censée fournir au lecteur une perspective sur le sujet. Pour réussir leur nouvelle, ils devaient s’appuyer sur les connaissances qu’ils avaient acquises dans leurs cours d’individus et sociétés et de langue et littérature.

La réussite de cette unité est devenue évidente lorsque les élèves se sont pris d’un tel enthousiasme qu’ils ont trouvé une imprimante à Dar es Salaam et ont constitué une anthologie qu’ils ont vendue à la communauté scolaire !

Un facteur déterminant pour la réussite de l’unité a été de demander aux élèves de tenir un journal dans lequel ils consigneraient leurs réflexions were toutes les semaines. De même, nous avons renforcé la nature interdisciplinaire de l’unité en amenant les élèves à établir en permanence des liens entre les deux disciplines « Avec la bonne histoire et un message clair […], on peut complètement changer la journée d’un lecteur et lui donner une toute nouvelle perspective », nous a confié un élève.

Un autre élève nous a indiqué que le fait d’avoir partagé les discussions sociétales plus larges reflétées dans les résultats recueillis par les autres élèves l’« avait [aidé] à se mettre dans la peau d’une autre personne pour l’écriture de [sa] nouvelle et à [s’]imaginer ce que l’on ressent lorsque l’on a peur d’être jugé pour qui on est ».

Enfin, l’apprentissage interdisciplinaire nous a montré que la magie opère vraiment lorsque l’on sort de notre zone de confort. Les élèves ont partagé leurs nouvelles qui reflétaient le parcours qu’ils avaient entrepris pour « […] apprendre tout au long de leur vie […] et comprendre que les autres, en étant différents, puissent aussi être dans le vrai ». (déclaration de mission de l’IB)

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Natasha Haque est coordonnatrice du PEI, enseignante de sciences humaines et examinatrice de l’IB. Elle enseigne aussi la géographie et la théorie de la connaissance dans le cadre du Programme du diplôme. Keiko Henke enseigne les langues dans le cadre du Programme du diplôme et du PEI et coordonne également le projet personnel du PEI. Elles travaillent toutes les deux à la Dar es Salaam International Academy, en Tanzanie.