J’ai pris conscience de mon goût et de mon aptitude pour les matières scientifiques dès mes premières années d’enseignement secondaire, alors que l’analyse littéraire me semblait être un super pouvoir que seules quelques personnes possédaient. Ma fascination pour cette matière s’est accrue progressivement à partir du moment où mon enseignante nous a lu In Mrs. Tilscher’s Class de Carol Ann Duffy pour la première fois. J’ai contribué avec fierté à ce que notre cohorte obtienne les meilleurs résultats à l’examen d’anglais de l’IGCSE jamais enregistrés par notre établissement. Avec une confiance en moi modérée, mais beaucoup d’enthousiasme, je me suis inscrite au cours d’Anglais A : langue et littérature du Baccalauréat International dès ma douzième année.
Nous avons commencé par étudier des textes non littéraires tels que des publicités, des bandes dessinées ou des émissions de télévision, et j’ai immédiatement été frappée par le caractère unique de l’aspect linguistique du cours par rapport à mes précédents cours d’anglais. Apprendre le langage technique en lien avec les textes les plus courants m’a aidée à mieux les apprécier, même si, lorsque nous regardons un film, mes ami·es n’aiment pas forcément que je leur parle de l’éclairage et de la mise en scène, pensés pour créer certains effets. J’ai appris à reconnaître les nuances des appels à l’action, même dans les publicités les plus simples. Je suis également devenue plus imperméable aux manipulations subtiles utilisées par les agences de publicité ou dans les articles tendancieux. Ces textes étant omniprésents dans nos vies, l’étude de l’anglais est plus pratique et concrète que jamais.
Lorsque nous avons retrouvé le territoire plus familier des œuvres littéraires, il était évident que nous ne pouvions plus nous contenter d’aborder les approches techniques. La composante orale mettant l’accent sur les questions mondiales soulevées dans ces textes et les questions d’examen s’intéressant à des concepts tels que le sens de la souffrance, nous devions tenir compte de facteurs comme la perception du public, le contexte et l’éthique. Nous nous développions en tant qu’élèves de l’IB tout en enrichissant nos propres valeurs.
L’équipe enseignante était intéressante et engageait avec nous des discussions donnant matière à réflexion. Par exemple, lorsque nous avons étudié Une maison de poupée d’Henrik Ibsen, il nous a été demandé de réfléchir à notre cheminement vers l’autonomie et de faire une comparaison avec la façon dont le personnage principal, une femme, était pris au piège de son mariage et de l’ensemble de la société patriarcale. Il n’était jamais seulement question du cours que nous étudiions. J’exprime ma plus sincère gratitude aux enseignantes et aux enseignants de mes cours d’anglais, qui en ont fait quelque chose de bien plus grand. Plus grand que l’IB, plus grand que l’école en général. C’est justement l’ouverture des cours de langue A et leur pertinence dans le monde réel qui permettent aux équipes enseignantes et aux élèves d’avoir ce type de discussions.
Pour incarner véritablement l’ouverture d’esprit et la connaissance, des aptitudes inhérentes au profil de la communauté d’apprentissage de l’IB, le cours nous a transmis une compréhension plus nuancée des enjeux sociopolitiques comme le genre, le racisme, l’identité et le manque d’agentivité. Le cours d’anglais démontre ainsi qu’il se place au-dessus de cette plaisanterie sur la tendance qu’auraient les spécialistes de l’éducation à analyser à l’excès la description des « rideaux bleus » que nous donne à lire un auteur. Certes, il nous arrive encore parfois de nous demander pourquoi les rideaux sont bleus, mais n’est-il pas plus important de savoir pourquoi cette question est pertinente pour nous dans le monde qui nous entoure ? Que révèle le contexte sur notre société ? Les œuvres traduites à partir d’autres langues, composante obligatoire du programme, renforcent également nos connaissances des autres cultures, faisant de nous de meilleures citoyennes et de meilleurs citoyens du monde. Tout cela se conclut en partie avec l’examen oral individuel, que nous pouvons utiliser pour explorer les sujets importants qui nous intéressent personnellement. En analysant deux textes de manière approfondie et en mettant l’accent sur une seule question d’importance mondiale, il nous est donné de réfléchir activement à la manière dont nous pouvons améliorer le monde que nous partageons.
L’entraînement aux examens, qu’il s’agisse de la préparation de l’examen oral ou de compositions écrites, développe également un certain état d’esprit. Nous commençons à voir les problèmes de façon plus critique, faisons plus attention lorsque nous lisons des publications sur Instagram et regardons des émissions télévisées, et voyons l’humanité se refléter dans toutes les formes de littérature.
Jessica Zhu a récemment obtenu son diplôme au Dulwich College Suzhou, en Chine, et s’apprête à poursuivre ses études de premier cycle universitaire en psychologie au King’s College de Londres. Si elle aime étudier les sciences humaines et naturelles ainsi que la littérature, elle s’intéresse également à la criminologie et à l’aviation.