En tant que spécialiste de l’éducation du Baccalauréat International, je cherche à favoriser l’apprentissage tout au long de la vie et à enrichir le processus d’apprentissage de mes élèves de 3e année du Programme d’éducation intermédiaire (PEI). Comme nous travaillons au développement du programme d’études pour le projet d’amélioration du PEI, nous avons eu l’occasion de découvrir le livre de Gert Biesta, World-Centred Education (une éducation centrée sur le monde). Inspiré par cet ouvrage, j’ai introduit les questions qui stimulent la réflexion dans mon unité « la danse dans le monde contemporain ». J’ai demandé à mes élèves : « Quelle question stimulante voulez-vous poser aux adultes de notre établissement, en lien avec un défi actuel auquel le monde est confronté ? »
Leur question « Qu’est-ce qu’un joli visage ? » a conduit à réaliser une expérience sociale captivante remettant en question le colorisme, le privilège de la beauté et les partis pris. Nous avons suivi la stratégie GRASPS (but, rôle, public, situation, produit/accomplissement, normes et critères de réussite) afin de clarifier la planification et le processus d’apprentissage des élèves.
Les élèves ont conçu, écrit et chorégraphié un spectacle à partir d’une expérience sociale. Le jour de la représentation, les élèves ont invité 15 adultes (membres du corps enseignant ou du personnel de l’établissement) dans la salle de classe et leur ont demandé individuellement de distribuer des rôles pour un film hollywoodien à venir. Parmi plusieurs images mises à leur disposition, il leur a fallu choisir le rôle principal masculin, le rôle principal féminin ainsi que l’antagoniste. À la fin de l’expérience, tout le monde s’est retrouvé dans la salle de classe pour l’annonce des résultats. La plupart des adultes avaient choisi des personnes à la peau plus foncée pour jouer le rôle de l’antagoniste et des personnes à la peau plus claire pour le rôle principal masculin et le rôle principal féminin. Les élèves ont ensuite conclu l’expérience par un spectacle de danse invitant l’assistance à se défaire des biais implicites et des idées préconçues qui les habitent inconsciemment.
À travers la danse, les élèves ont véhiculé leur message : toutes les personnes sont belles, indépendamment de leur couleur de peau ou de leurs traits. L’expérience a mis en lumière les partis pris implicites des adultes, et incité à réfléchir et à discuter sur le privilège de la beauté et le colorisme.
L’expérience a été particulièrement enrichissante en raison de l’approche interdisciplinaire, qui a permis aux élèves de se servir des connaissances et des compétences appartenant à différentes disciplines. Elle leur a apporté une confiance nouvelle en leur capacité à changer les choses, et a favorisé une prise de conscience chez les adultes concernant le conditionnement de leurs partis pris. Ce parcours transformateur a mis l’accent sur le potentiel des questions qui stimulent la réflexion dans le contexte scolaire, et sur leur capacité à favoriser l’épanouissement des élèves pour influencer le monde positivement.
Réflexions du corps enseignant
Dans un monde où les stéréotypes et les préjugés ne manquent pas, cette activité s’est révélée un moyen subtil et efficace de nous faire prendre conscience de nos propres stéréotypes et erreurs de jugement, qui nous mènent à adhérer à des partis pris et à adopter des comportements biaisés – Meenakshi Sharma, responsable de l’accompagnement scolaire et psychologue dans le cadre du Programme du diplôme
La représentation était novatrice dans le sens où elle servait la cause d’une façon différente. Elle a su atteindre le public en mettant en lumière les inquiétudes dont on ne parle pas généralement et avec lesquelles nous vivons – Vanshika Sahni,
conseillère d’orientationGrâce à la danse, les élèves ont su exprimer une idée complexe de façon simple. La discrimination et les stéréotypes que j’ai perpétués sans le vouloir sont devenus évidents à mes yeux, ce qui m’a fait beaucoup réfléchir par la suite – Anusha Chauhan, responsable du département de langue et littérature
Ce spectacle de danse qui parlait des stéréotypes de notre société était puissant et incitait à la réflexion. Je tiens à dire aux élèves : continuez de nous inspirer à travers la danse et de créer cette prise de conscience qui amène le changement – Karthik Hariharan, conseiller d’orientation
Vaishak M Raj est un spécialiste de l’éducation qui enseigne dans le continuum des programmes de l’IB. Il travaille dans le département des arts d’interprétation de la DPS International School Gurgaon, située en Inde, où il encourage les élèves du PEI à développer leur expression et leurs choix artistiques. Il est aussi coordonnateur adjoint du programme CAS pour le Programme du diplôme et développeur de programme d’études du réseau de collaboration du Baccalauréat International (IBEN), dans le cadre duquel il a participé au projet d’amélioration du PEI. Il est également spécialiste du PEI pour les visites d’évaluation de la mise en œuvre de ce programme dans la région Asie-Pacifique de l’IB. En ce moment, il suit une formation pour devenir animateur d’ateliers de l’IBEN.