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L’opinion d’une spécialiste de l’éducation sur le cours de philosophie de l’IB : « plus on en sait, moins on en sait »

L’ensemble des guides pédagogiques du Programme du diplôme est révisé régulièrement afin de garantir que les cours de l’IB sont adaptés aux besoins d’un monde en constante évolution et tiennent compte des conclusions des dernières recherches en éducation.

Regardez une vidéo sur les guides pédagogiques qui seront mis à jour en 2023.

En février 2023 sera publiée une version mise à jour du guide pédagogique de philosophie de l’IB pour première évaluation en 2025. Dans le cadre des célébrations de la Journée mondiale de la philosophie qui aura lieu le jeudi 17 novembre 2022, nous avons parlé avec Maria Acle, enseignante de philosophie et examinatrice à la British Schools Montevideo, afin d’en découvrir davantage sur les prochaines mises à jour du guide pédagogique.

Quelle est votre expérience en tant qu’enseignante de philosophie ?

L’année dernière, une élève de dernière année m’a écrit une lettre dans laquelle elle disait que le cours de philosophie de l’IB avait totalement changé sa vie. Je lui ai demandé pourquoi, et elle m’a répondu : « Pour moi, c’est évident : je me remettais complètement en question et j’ai enfin commencé à comprendre qui je suis. » Nous pouvons définir la philosophie comme la recherche du sens de l’existence humaine, et ce cours illustre le passage à l’acte de cette quête : elle permet aux élèves de débattre entre pairs et de s’enrichir de cet échange. Des personnes différentes, chacune avec sa propre vision des choses, participent à des discussions philosophiques, et ce sont ces divergences-là qui mènent au dialogue et à l’entente. L’IB possède une méthode unique qui permet aux spécialistes de l’éducation d’assister à cet échange dans lequel chaque élève développe les compétences et les outils nécessaires à son orientation actuelle et future, et parfois, « commence à comprendre sa propre identité ». Le cours de philosophie prépare les élèves non seulement à faire face à des questions contemporaines, mais aussi à affronter un avenir inconnu et imprévisible.

Quel a été votre rôle dans la révision de ce guide pédagogique ? Quelles compétences professionnelles ont été mises à profit ?

Je faisais partie du groupe qui s’occupait de la phase de développement de la révision du programme d’études. Nous discutions des éléments que nous voulions garder et de ceux qui devaient être révisés ou modifiés. Pour ce faire, et afin de mettre au point des changements profitables pour les élèves et le corps enseignant, nous devions être à l’écoute de l’autre, et faire preuve de créativité et d’empathie. Nous avons essayé de nous mettre à la place des élèves pour comprendre ce dont les jeunes ont besoin pour aborder la philosophie et l’apprécier.

Pourquoi avez-vous décidé de participer à la révision du programme d’études ?

J’ai été sélectionnée en 2019 et je devais me rendre à La Haye pour discuter et échanger en personne avec les autres membres de l’équipe. Cela n’a pas été possible à cause de la pandémie, et la rencontre s’est donc déroulée de manière virtuelle en 2021. Je souhaitais vraiment comprendre comment le personnel enseignant et les autres spécialistes de l’éducation vivaient et pensaient la philosophie et son enseignement. Je voulais contribuer à ces changements pour permettre aux élèves du monde entier de s’épanouir et d’apprendre à philosopher sur les sujets qui leur sont chers.

Pouvez-vous nous citer en exemple l’une des modifications du guide à venir ?

Le thème central « L’être humain » ne changera pas. Il est très apprécié par le personnel enseignant et les élèves, qui sont libres de l’adapter facilement aux différents sujets. Cependant, lors de l’enseignement du thème central, nous conseillons vivement de mettre davantage l’accent sur la diversité des perspectives, des traditions et des approches en matière de pensée philosophique. Nous avons introduit un nouveau thème optionnel appelé « La philosophie sociale ». Celui-ci permettra aux élèves de traiter différentes questions, comme celles des structures sociales et des institutions, de l’égalité, de la discrimination et du genre. Il s’agit là de thématiques qui se trouvent au cœur du débat actuel et qui invitent les élèves à réfléchir de façon critique sur leurs expériences et leurs croyances.

Quels sont les avantages de ces changements pour les spécialistes de l’éducation et les élèves ?

L’objectif général du cours de philosophie est d’éveiller les élèves à la recherche philosophique et de les encourager à une remise en question de soi et des autres. Je suis convaincue que l’une des choses les plus importantes en philosophie, c’est l’humilité. Les élèves doivent comprendre que, comme le disait Socrate, « plus on en sait, moins on en sait ». Cela signifie que plus on réfléchit à différentes questions, plus on se pose de questions. Les élèves peuvent donc faire preuve d’humilité concernant leurs connaissances, mais aussi d’ouverture d’esprit pour réfléchir de façon critique et déconstruire leurs perspectives et leurs expériences. Je suis convaincue que ces changements permettront à chaque élève de mener une remise en question de soi plus profonde, d’aborder une diversité d’approches et de traditions, et de réfléchir à des questions nouvelles et stimulantes. Les spécialistes de l’éducation bénéficieront parallèlement d’un choix de sujets plus large et d’un espace pour discuter et participer à des conversations qui seront dans leur propre intérêt et celui de leurs élèves.