Pour la première fois de son histoire, l’IB n’organisera pas de session d’examens au mois de mai en raison de la COVID-19. Nous nous entretenons avec Siva Kumari, directrice générale de l’IB, pour en savoir plus sur cette décision.
« La communauté réagit en faisant écho à la philosophie de l’IB, c’est-à-dire en exprimant les valeurs d’impartialité et d’équité, en montrant de la compassion et de l’altruisme et en examinant les faits liés à cette décision de manière critique. »
Qu’est-ce qui vous a menée à prendre cette décision sans précédent d’annuler la tenue des examens ?
De nombreuses décisions concernant la santé et la sécurité de notre communauté internationale ont dû être prises quotidiennement au cours des deux derniers mois. Fin décembre et début janvier, nous suivions la situation dans les écoles du monde de l’IB situées en Chine, au Japon et en Corée du Sud, et adaptions nos services en conséquence. Cela nous a donné un aperçu des conséquences de la fermeture des établissements à venir. Nous avons surveillé de près la progression rapide de l’épidémie et son évolution vers une pandémie mondiale, tout en réfléchissant à différents scénarios pour faire face à toutes les situations et hypothèses possibles.
En parallèle, notre organisation a commencé un processus de passage au virtuel. Le centre mondial de Singapour a mis en place le télétravail il y a sept semaines, et tous nos autres bureaux en ont fait de même au cours des deux dernières semaines. Nos 700 employés dans le monde continuent d’assurer notre mission, qui consiste à fournir des services aux établissements scolaires, mais ils le font désormais au sein d’une organisation devenue soudainement virtuelle.
Les conséquences de la pandémie sur nos élèves et leur capacité à se soumettre à un processus d’évaluation équitable ont été la clé de voûte de notre réflexion tout au long de ce processus.
Étant donné la nature des programmes de l’IB, nous ne pouvions pas prendre cette décision pays par pays. Nous devions prendre la bonne décision pour l’ensemble de la communauté mondiale d’enseignants, d’examinateurs et d’élèves de l’IB.
Depuis le début de l’apparition du virus, nous avons consulté des chefs d’établissement, des agents aux services des admissions universitaires, des ministères de l’Éducation et des établissements scolaires du monde entier. Tout cela a demandé un travail et une coordination hors normes. Nous savons que d’autres longues journées attendent l’ensemble de notre communauté tandis que nous mettons en place de nouvelles procédures et travaillons avec des parties prenantes qui s’adaptent également à leur nouvelle réalité changeante. Nous sommes aussi conscients des mesures exceptionnelles mises en place par les enseignants de l’IB pour assurer la continuité de l’apprentissage à l’aide du virtuel. La communauté enseignante fait preuve d’une créativité extraordinaire, et nous les remercions pour leur souplesse et leur professionnalisme au cours de cette crise.
Comment réagissent vos interlocuteurs ?
Le retour des chefs d’établissement, des élèves et des enseignants est très positif. Dans l’ensemble, la communauté réagit en faisant écho à la philosophie de l’IB, c’est-à-dire en exprimant les valeurs d’impartialité et d’équité, en montrant de la compassion et de l’altruisme et en examinant les faits liés à cette décision de manière critique. Ces sentiments font chaud au cœur. Bien sûr, certains sont également déçus et frustrés, et c’est ce qui a notamment rendu cette décision si difficile à prendre.
Tous les organismes éducatifs – les universités, les organismes décernant des diplômes et les examinateurs – savent que nous souhaitons tous aider nos élèves à continuer d’avancer dans la vie. Les universités souhaitent toujours accueillir nos élèves du Programme du diplôme, car elles savent depuis des années que ce programme aide les élèves à affiner leur maîtrise des compétences essentielles pour réussir dans l’enseignement supérieur. Nous devons nous assurer que nous leur fournissons les informations dont elles ont besoin pour prendre des décisions dans ces circonstances vraiment extraordinaires.
Que dites-vous aux élèves qui sont déçus ou soulagés de ne pas se présenter à des examens pour lesquels ils étudient depuis deux ans ?
Je comprends que les élèves aient toutes sortes de réactions, surtout étant donné les dangers et le stress auxquels beaucoup d’entre eux sont confrontés. Ce que je tiens à dire à chacun d’entre eux, c’est que nous sommes fiers de ce qu’ils ont accompli et avons hâte de voir la suite de leur parcours.
Avec ou sans résultats d’examens, chacun d’entre vous est un élève de l’IB unique qui est solidement préparé pour la prochaine étape de sa vie. Personne ne peut vous enlever le travail que vous avez accompli, ce que vous avez appris et la solide formation que vous avez reçue en tant qu’élève de l’IB, que vous ayez suivi nos programmes pendant deux ans dans le cadre du Programme du diplôme ou du POP, ou pendant plus longtemps dans le cadre du PEI et du PP. Vous avez intégré tout cela en devenant un apprenant permanent, indépendamment du fait que vous passiez ou non un examen en mai.
Je suis également convaincue que le fait de s’unir pendant cette crise – comme c’est le cas pour tant de familles, d’amis et de communautés – renforcera le lien indéfectible qui unit les élèves de l’IB. La communauté internationale de l’IB ressortira de cette épreuve commune mieux équipée que jamais pour aider le monde à relever les défis auxquels il fera face dans les années à venir.
« Il est important de se rappeler que les universités s’adaptent également à cette nouvelle réalité et tentent de prendre leurs décisions comme à l’accoutumée tout en faisant preuve d’un degré de souplesse inédit. »
Quelle était la teneur des consultations que vous avez menées auprès des universités en amont de cette décision, et quels étaient leurs buts ?
Nous entretenons des relations étroites avec les universités et échangeons régulièrement avec elles tout au long de l’année ; néanmoins, étant donné les circonstances sans précédent, mon équipe et moi-même souhaitions contacter directement les agents aux services des admissions universitaires, afin de comprendre les conséquences éventuelles de l’annulation des examens de cette année sur leur opinion des candidats titulaires de certificats et de diplômes de l’IB.
L’un de mes interlocuteurs au sein d’une des universités américaines les plus prestigieuses m’a assuré qu’étant donné la situation actuelle, ils ne s’attendaient pas à ce que les élèves de l’IB reçoivent des résultats d’examens pour l’année 2020. Cette conversation ainsi que de nombreuses autres similaires ont joué un rôle déterminant dans notre processus de décision.
Nous avons été rassurés par le fait que les universités connaissent très bien nos programmes rigoureux et savent à quel point nos élèves sont bien préparés pour poursuivre leurs études dans leurs établissements.
Nous nous sommes sentis encouragés par le fait que, même sans résultats d’examens pour l’année 2020, les universités sont en mesure de prendre des décisions éclairées en ce qui concerne l’évaluation des élèves de l’IB à des fins d’admission et de reconnaissance de crédits.
Il est important de se rappeler que les universités s’adaptent également à cette nouvelle réalité et tentent de prendre leurs décisions comme à l’accoutumée tout en faisant preuve d’un degré de souplesse inédit.
Avez-vous étudié la possibilité de faire passer les examens en ligne ?
Nous avons sérieusement étudié la possibilité de faire passer les examens en ligne, mais en avons décidé autrement pour plusieurs raisons.
En premier lieu, comme à l’accoutumée, nous plaçons nos élèves au cœur de notre action. Il ne serait pas juste pour eux qu’en cette période incroyablement stressante, nous leur ajoutions une autre source de stress. (Passer les examens de l’IB dans les conditions actuelles ne permettrait pas en effet de mesurer les véritables capacités de nos élèves, et ne serait donc pas valable.)
Deuxièmement, nous devons toujours prendre en considération les questions d’accès et d’équité. Tous nos élèves n’ont pas accès à des outils en ligne pour passer des examens, et, à l’heure actuelle, nous ne sommes pas en mesure de mettre en place l’infrastructure nécessaire pour éliminer cet obstacle.
Enfin, nos établissements sont en proie à une pression intense pour continuer d’enseigner leur programme habituel dans des conditions extrêmement difficiles. Imposer une nouvelle exigence lourde de conséquences et très stressante aux membres de la direction des établissements et aux enseignants en ces moments difficiles nous a semblé hors de propos.
Pouvez-vous nous donner une idée du type d’analyse sommative des accomplissements des élèves qui pourrait venir remplacer les examens et de ses implications ?
Cette question a fait l’objet d’une réflexion intense. Au cours des deux années que dure chaque cours de l’IB, les élèves remettent plusieurs travaux pour évaluation. Nous prendrons en compte les notes attribuées à ces travaux, utiliserons des outils d’analytique prédictive et ferons appel aux 15 000 examinateurs qui corrigent habituellement les examens pour nous aider à mettre en place une nouvelle manière d’évaluer l’ensemble du travail d’un élève.
Nous vous communiquerons tous les détails de cette nouvelle procédure dès que nous aurons finalisé une solution pour sa mise en place rapide afin de respecter l’échéance du 5 juillet concernant l’octroi du diplôme et des résultats de cours du Programme du diplôme, ainsi que des certificats du Programme à orientation professionnelle.
Rendez-vous sur notre page dédiée et découvrez comment l’IB gère la crise liée à la COVID-19, les dernières actualités, ainsi que les mesures prises pour assurer le soutien et la protection de notre communauté.
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